Charles Alexandre de Calonne
Il naquit en janvier 1734 à Douai, d'un père président du parlement . Il se
destinait à la magistrature et fit ses étude à Paris. Il fut d'abord avocat
général au conseil d'Artois. Puis est nommé procureur général au parlement de
Douai. Nommé maître des requêtes en 1763, les enquêtes qu'il fut chargé de
faire, le firent connaître encore plus. Il fut alors très sollicité surtout dans
des affaires épineuses. Chargé, en tant que procureur général, de la conduite de
la Chalotais, il fut soupçonné d'avoir transgressé la loi en abusant de la
confiance de l'accusé, et en communiquant au vice-chancelier une lettre secrète,
dont il était dépositaire. Sa justification fut peu convaincante. A la mort de
Louis XV, il était intendant de la ville de Lille, après l'avoir été à la ville
de Metz en 1768, dans ses deux postes il se fit remarquer par ses talents
d'administrateur. Maurepas, ancien ministre, revenu d'un long exil, avait appelé
au ministère des finances Turgot et Necker, remplacés très vite par Fleury et
d'Ormesson. Calonne succéda à d'Ormesson le 5 novembre 1783. La confiance de
Louis XVI reposait entièrement sur le comte de Vergennes, ministre des affaires
étrangères, qui contribua à la nomination de Calonne. D'autres virent cette
nomination d'un très mauvais oeil, entre autre le garde des sceaux Miromesnil.
Le parlement se méfie, le public est partagé et la cour accueille à bras ouverts
ce nouveau contrôleur général bientôt nommé ministre d'état. La paix venait
d'être conclue, restait à liquider les dépenses de la guerre et de la marine.
Aux emprunts et arriérés accumulés sous les ministères précédents, s'ajoutaient
176 millions d'anticipations, au remplacement desquels il fallait pourvoir.
Calonne fit face à cette situation. Il prit des mesures drastiques pour combler
le déficit, et osa exécuter une refonte des monnaies d'or. Tous ce que fit
Calonne a été vivement contesté dans de nombreux pamphlets, il y répondit plus
tard dans des écrits remarquables. Quoi qu'il en soit, le trésor était toujours
vide. Pour combler la dette de l'état il fallait trouver un autre moyen de
contributions et Calonne le proposa. La première proposition était la subvention
territoriale payable en nature et la seconde l'augmentation de l'impôt du
timbre. La mise en place de ce plan présentait de grandes difficultés, ceci
représentait pour les deux ordres des sacrifices inouïs. Les parlements, avaient
déjà été opposés sur certains points, mais s'il s'agissait de leurs intérêts
communs ils opposeraient une forte résistance. Les ministres luttaient depuis
très longtemps contre les privilégiés, Machault garde des sceaux, Turgot et
Necker s'étaient battus en vain. D'autre part il était plus dangereux, en moment
de crise, d'appeler la représentation nationale, qui aurait pu tenter de prendre
la place de l'autorité, le parti des états généraux étant reconnu comme le plus
funeste pour la royauté. Calonne choisit le moindre mal et proposa une assemblée
de notables, choisi parmi les deux premiers ordres de l’état, de la
magistrature, et dans les chefs des principales municipalités. Ces réunions
consultatives n'avaient aucun caractère légal pour délibérer: on en connaissait
peu dans les fastes de la monarchie. Le plan de Calonne éprouva plus d'un
obstacle dans le conseil. La lente et prudente politique du comte de Vergennes
le fit hésiter mais il se décida après longue réflexion. Le roi, adopta le plan,
et la reine l'appuya. Cependant Calonne savait qu'il courait un grand danger et
en fit part a un ami auquel il écrivit ce qui suit, le 16 août 1786: " Je
viens de lire mon plan au roi, il m'a bien entendu, bien écouté, m'a tout
promis, mais je me fais pitié à moi-même, lorsque je pense au résultat qu'il
peut avoir pour moi. N'importe; je crois que c'est le bien, le bonheur du roi et
du peuple, j'ai bon courage, je l'entreprendrai ". La mort de Vergennes
était une protection de moins pour Calonne, qui se retrouvait seul. La première
séance eut lieu à Versailles, le 22 février 1787. Il l'exposa le compte du
ministère des finances avec toute sa dextérité, mais ne put empêcher l'attitude
de l'assemblée lors de ses fâcheuse révélations.
|
Dernière Modification 05/05/18 © Histoire de France 1996
|