Hittites

     Un peuple indo-européen se fixa, dans la première moitié du IIe millénaire av. J.-C., en Anatolie, partie occidentale de l'Asie Mineure, déjà occupée par les Khattes. Ces envahisseurs, qu'on appela plus tard les Hittites, développèrent une civilisation brillante qui assimila les divers éléments déjà existants, et emprunta une structure politique et sociale aux royaumes de Babylonie, de Mitanni et des Assyriens.
    L'antique Hattousa, capitale de l'empire hittite, découverte en 1906, près de l'actuel village turc de Boghaz-Köy, était protégée par une triple muraille défensive.
    Les premières conquêtes hittites importantes eurent lieu au début du XIXe siècle av. J.-C. Vers -1800, le roi Labarna (ou Tabarna) étendit son royaume jusqu'à la Méditerranée. Son nom fut pris ensuite comme titre royal par tous ses successeurs, tandis que celui de sa femme, Tawananna, devint le titre des reines.
    Entre-temps s'étaient formés en Syrie, dans le sud de l'Arménie et dans une partie de la Mésopotamie, d'autres Etats principalement indo-européens. Les plus puissants étaient ceux de Mitanni et de Khalap (Alep en Syrie). Hattousil Ier, fils de Labarna, combattit contre Alep, mais ce n'est qu'en -1750 que son fils, Moursil Ier, réussit à en avoir raison. Il renversa la dynastie fondée par Hammourabi qui régnait en Babylonie. Il porta sa capitale à Hattousa, près de l'actuel village turc de Boghaz-Köy, où l'on a récemment retrouvé non seulement d'imposantes ruines mais aussi de précieuses archives royales.
    De la seconde moitié du XVIIIe siècle jusqu'au XVe siècle av. J.-C., les Hittites furent le plus souvent engagés dans des luttes intestines et dans des campagnes militaires contre les Hourrites. Le grand roi Télépinou s'efforça de réorganiser l'empire, mais il n'obtint que des résultats éphémères. L'entreprise ne réussit qu'au XVe siècle, quand Dudhalijas II fonda le Nouvel Empire (vers -1440), après avoir infligé un rude coup à la puissance des royaumes hourro-mitannien et d'Alep; ceux-ci créèrent cependant de sérieuses difficultés à son successeur Hattousil II.
    Vers -1385 monta sur le trône le plus grand roi hittite, Souppilouliouma. Il fit de son pays la plus grande puissance militaire et politique du Proche-Orient, faisant alterner la manière forte et d'habiles manœuvres diplomatiques. Il fragmenta le royaume hourro-mitannien, s'assura l'alliance de l'Egypte et renforça le prestige de son royaume. Moursil II, son fils et second successeur (vers -1340), continua la politique paternelle et étendit sa domination par des campagnes victorieuses.
    A partir de la capitale Hattousa, puis de Kanesh, l'expansion de l'empire hittite se fit surtout vers le sud. Il était contenu, à l'est, par les Mitanniens, à l'ouest, par le royaume Arzawa. Les tribus Wilosa et Gasgas étaient déjà réduites. Après les sièges de Karkemish et d'Ougarit, les chars hittites se heurtèrent, à Qadesh, aux armées du pharaon Ramsès II.
    Ses deux fils furent également des rois importants : Mouwatalli, que Ramsès II prétendit avoir battu à Qadesh (-1287), et avec qui il dut partager la Syrie, conjurant ainsi la menace d'une invasion égyptienne, et Hattousil III, qui conclut avec le même pharaon, en -1280, une alliance qui accrut le prestige et l'influence des deux royaumes. Son fils, Touthaliya IV, étendit son domaine vers l'Occident par une série de guerres victorieuses. Parmi ses adversaires figure un roi qui, d'après certains historiens, serait Atrée, le père d'Agamemnon.
    Mais l'empire hittite ne tarde pas à s'éteindre, vers -1190 environ, c'est-à-dire à l'époque de la destruction de Troie décrite par Homère, sous l'attaque des "peuples de la mer". La civilisation hittite sera progressivement absorbée par les Phrygiens, les Assyriens, les Araméens, les Iraniens et, en Syrie, les Grecs. Le dernier, l'Etat de Karkemish, se rendit à Sargon II, en -717.
    A l'inverse de la civilisation mésopotamienne, la civilisation hittite fut caractérisée par une grande douceur. La justice était administrée en usant plus du principe du remboursement que celui de la rétorsion. Les femmes, au lieu d'être maintenues en demi-esclavage, jouissaient d'une grande considération.
    La masse populaire se composait d'hommes libres qui dépendaient toutefois d'un temple, d'un palais ou de terres seigneuriales. La condition des esclaves est assez mal définie. Dans la classe que l'on pourrait appeler noblesse figuraient les très nombreux descendants de la famille royale. Ils avaient des fonctions militaires et civiles à la cour.
    Le roi, "aimé" d'un dieu, était surtout, en même temps que chef politique,  le prêtre des dieux, aux côtés de la reine, qui jouait également un rôle important dans les cérémonies religieuses. A leur mort, les souverains devenaient dieux. Le panthéon hittite était accueillant aux dieux étrangers, faisant preuve d'un vaste syncrétisme. A l'époque impériale (XIVe siècle - XIIIe siècle av. J.-C.), des idoles primitives (démons de la fertilité, de l'orage, du soleil, des enfers) y côtoient d'antiques totems (taureau, lion, cerf), qui y jouent un rôle fort important.