Lombrics

    Le lombric (Lumbricus terestris ou herculeus) est l'un des vers de terre de nos régions faisant partie de l'embranchement des annélides et de la classe des oligochètes. Son corps, garni de soies rares, l'oppose aux achètes et surtout aux polychètes, qui en sont abondamment pourvus. Ce ver vit dans le sol où il creuse de longues galeries, et ne sort à l'air libre que la nuit, surtout après les pluies. Il passe l'hiver sous terre.
    L'anatomie du lombric, ou ver de terre :
1. tête
2. chaîne nerveuse
3. organes génitaux
4. clitellum
5. tube digestif
6. vaisseau dorsal
7. ouverture anale

    Labourant continuellement le sol, le lombric joue un rôle important dans l'amélioration des sols, puisqu'il aère la terre et ramène sans cesse les parties profondes en surface. Sur un mètre carré, les vers de terre déposent 8 kg de déjections par an, provenant de la terre avalée lorsqu'ils creusent leurs galeries. Le rendement des cultures est multiplié par deux et même par trois sous l'action du lombric.
    Mais ces animaux présentent également un aspect négatif puisqu'ils ramènent aussi continuellement en surface des bactéries pathogènes qui se développent sur les cadavres des animaux enterrés. Ils sont ainsi les vecteurs de maladies infectieuses et tout particulièrement, d'après les travaux de Pasteur, du charbon. La terre avalée par le lombric est débarrassée de ses éléments organiques dans le tube digestif, puis rejetée. Les vers de terre sont surtout nombreux dans l'humus, le terreau et les végétaux en décomposition.
    Très allongé, et légèrement aplati, le corps du lombric est de teinte rose violacé sur le dos, plus blanche sur le ventre. Il est constitué d'une succession de 110 à 180 anneaux distincts. Il ne s'agit pas d'une simple décoration externe, mais du reflet d'une segmentation interne, correspondant à une succession de cavités cœlomiques, séparées par des cloisons transversales. La bouche, située dans la région antérieure, est précédée d'un petit lobe ou prostomium.
    Entre le 33e et le 37e segment, on observe une région un peu renflée, dont l'épiderme comporte un grand nombre de glandes à mucus qui jouent un rôle dans la reproduction : il s'agit de la selle ou clitellum. L'ouverture anale se situe à l'extrémité postérieure, légèrement plus renflée que la partie céphalique.
    Chaque segment porte quatre paires de soies en forme de courts crochets, dirigés vers l'arrière, qui servent à la locomotion. On ne peut les observer à l'œil nu, mais on les sent en passant le doigt, de l'arrière vers l'avant, sur la face ventrale du lombric. Les orifices génitaux femelles s'ouvrent sur le 14e métamère, les orifices mâles sur le 15e, car le lombric est hermaphrodite.
    Malgré l'absence d'yeux, le lombric est sensible à la lumière, qu'il fuit constamment. Sa peau est garnie de très nombreuses cellules sensorielles dont certaines sont des récepteurs chimiques et dont d'autres manifestent une sensibilité à la lumière, sans permettre pour autant la perception d'images. La région antérieure est plus riche en organes sensitifs que le reste du corps.
    Le tube digestif du lombric est rectiligne et débute par un pharynx musculeux, qui s'étend jusqu'au 7e segment. Il se poursuit par un œsophage, un jabot, un gésier, puis un intestin, qui débute au 19e segment. Ce dernier présente une série de rétrécissements au niveau des cloisons qui séparent les segments. Il est entouré de cellules brunâtres, ou cellules chloragènes, qui jouent un rôle comparable au foie chez les vertébrés.
    Le système circulatoire, clos, comprend un vaisseau dorsal, qui longe le tube digestif et propulse le sang de l'arrière vers l'avant. Il est relié à un vaisseau ventral, dans la région antérieure, par cinq paires de "cœurs" latéraux. Le sang présente une couleur rouge, causée par un pigment voisin de l'hémoglobine, qui n'est cependant pas contenu dans des hématies, mais dissous dans le plasma.
    La peau du lombric doit rester continuellement humide pour permettre la respiration cutanée. A l'air libre, elle se dessèche : le lombric meurt alors par asphyxie.
    Chez les lombrics, chaque individu est pourvu d'une paire d'ovaires et de deux paires de testicules dissimulés sous 3 paires d'énormes vésicules séminales blanchâtres, dans lesquelles s'accumulent les spermatozoïdes. Il n'y a jamais autofécondation, mais accouplement : les animaux se placent tête-bêche et se fixent l'un à l'autre par leur clitellum, qui sécrète un mucus durcissant à l'air. Lorsqu'ils se séparent, chaque individu emporte le manchon de mucus sécrété par le partenaire. Il y déposera ses œufs, les fécondera et abandonnera ce manchon, fermé aux deux extrémités comme un cocon. Trois semaines plus tard, les jeunes, de 2 cm de long, éclosent et se dispersent dans le sol.
    Certaines espèces d'oligochètes se reproduisent par scissiparité en se coupant spontanément en deux. Chaque moitié régénère la partie manquante. Cette régénération s'observe également chez le lombric coupé accidentellement par un coup de bêche.
    Le lombric se déplace en rampant à la surface du sol grâce à des contractions alternatives de muscles longitudinaux et circulaires sous-cutanés. Le corps est parcouru de l'arrière vers l'avant par des ondes de contraction, qui assurent la progression grâce aux soies qui s'accrochent au substrat. Les segments d'une région contractée s'ancrent au sol et permettent, en prenant appui, l'extension en avant des segments allongés.


Dernière Modification   31/12/16

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