Louis 3 et Carloman

 

A la mort de Louis II, deux partis se forment pour décider de la succession au trône, les grands disposent maintenant de la couronne : le déclin du pouvoir royal continue donc. Les uns soutiennent Louis III et Carloman, les fils de Louis le Bègue. D’autres, dont Gozlin, abbé de Saint-Germain-des-Prés et de Saint-Denis, se tournent vers Louis le Jeune, qui répond à leur appel, et entre en France occidentale jusqu’à Verdun. Les partisans des rois légitimes négocient alors son retrait, au prix d’une partie de la Lotharingie, définitivement cédée au traité de Ribemont en 880. Louis III et Carloman sont alors couronnés en hâte, à Ferrières-en-Gâtinais. Mais la tendance à l’émiettement ne cesse de se renforcer : Boson, comte de Vienne, le personnage le plus important du royaume, prend le titre de roi le 15 octobre 879. Il y a donc pour l’instant trois rois de Francia occidentalis. Il domine tout le sud-est du royaume (vallée du Rhône, Alpes, Provence), soutenu par les grands de la région, qui ne veulent plus d’un roi éloigné. Inquiets, les princes carolingiens s’unirent contre l’usurpateur, mais celui-ci parvint à se maintenir, et à léguer son royaume à son fils. Les Normands portent des coups terribles aux royaumes francs depuis 879, date de la recrudescence des invasions vikings. Ils ont changé de méthode, et s’enfoncent de plus en plus dans l’intérieur des terres procédant de manière plus systématique qu’autrefois. Ils ravagent alors la région comprise entre l'Escaut et la Somme. Face à cette situation, Louis III et Carloman apparaissent comme bien différents de leur père, actifs et vaillants, en dépit de leur grande jeunesse. Au printemps 880, ils s’étaient partagé le royaume : à Louis la Neustrie et la "France" entre Seine et Marne, à Carloman l'Aquitaine et la Bourgogne. C'est donc à Louis III de lutter contre les Normands. Il vainc à Saucourt-en-Vimeu, le 3 août 881, ceux d'entre eux qui s'étaient installés en Flandre et les rejette hors du royaume ; quant à ceux de l'ouest, Louis emploie vis-à-vis d'eux l'autre méthode possible, et négocie leur évacuation. C'est pendant qu'il traite avec eux qu'il tombe malade et meurt, alors qu'il n'avait pas vingt ans. La mort de Louis reconstitua l'unité de la France occidentale au profit de Carloman, qui, à l'appel des grands, abandonna le siège de Vienne pour faire face aux Normands dans le Nord. Carloman, âgé de 16 ans, tenta de lutter et remporta des succès, mais qui ne furent jamais décisifs. L'année 883 fut particulièrement difficile : les Normands, vainqueurs à Mianney de Carloman, purent ravager à loisir le pays de somme. Les grands se réunirent à Compiègne pour faire face à cette situation, "car le roi était jeune". Ils achetèrent le retrait des Normands contre un tribut de 12 000 livres, sommes énormes pour l'époque. Après la dispersion de l'armée franque qui avait surveillé le départ des Normands, Carloman mourut à la suite d'un accident de chasse dans la forêt de Bézu, près des Andélys le 12 novembre 884.
 


Dernière Modification   06/06/20

© Histoire de France 1996