Eudes

A la mort de Charles le Gros, l'héritier carolingien se trouve être le jeune Charles, fils de Louis le Bègue, âgé de 8 ans, qui ne peut représenter la force dont le royaume, en plein tourment, a besoin. Les grands qui avaient tenu le premier rôle dans les années précédentes étaient morts. Le personnage qui faisait à ce moment l'objet de l'attention générale au nord de la Loire était Eudes, le fils de Robert le Fort et d’Adélaïde il fut roi de 888 à 898. Il avait du prestige depuis son héroïque défense de Paris contre les Normands ; il disposait d'une forte assise territoriale et de nombreux vassaux, après avoir recueilli d'importants héritages. C'était l'homme le plus puissant du royaume, et il semble que Charles le Gros lui ai confié de grandes responsabilités. Énergique et sage, avec une grande prestance physique, nous dit le chroniqueur Réginon, la majorité des Francs se rallient à lui. Roi non carolingien, il se situa dans la lignée politique carolingienne. Il est élu et couronné roi le 29 janvier 888. La tentative de Gui II de Spolète, appelé par les archevêques de Reims et de Langres, tourne court, malgré son couronnement, qui a précédé celui d'Eudes. Eudes parvient à se faire reconnaître par les autres royaumes issus de l'empire carolingien, en particulier par Arnulf, roi carolingien de Germanie, dangereux compétiteur du fait de son ascendance (entrevue de Worms en août 888) : il avait besoin de cette légitimation. Bien que tenu par un roi non carolingien, le royaume garde un lien avec l'ancienne dynastie pour maintenir l'idéal de l'unité du monde chrétien. Eudes cherche ensuite à s'imposer dans son royaume, où il se heurte à l'indiscipline des grands. Beaudouin de Flandre et Herbert de Vermandois se soumettent officiellement tout en demeurant des adversaires. Il rencontre de grandes difficultés en Aquitaine, qui était restée tout à fait étrangère à sa désignation, et où il ne parvient pas à imposer sa volonté à Guillaume le Pieux ainsi qu'en Bourgogne. Quant à la Bretagne et à la Gascogne, elles échappent complètement à son pouvoir. En plus des luttes qui l'opposent aux grands, il doit combattre les Normands. Au début de son règne, il remporte sur eux une brillante victoire à Montfaucon en juin 888. Il les dissuade d'assiéger Paris. Mais il se révèle ensuite impuissant devant son envahisseur qui surgit de partout et n'abandonne la partie que pour mieux revenir ; il finit par être obligé de traiter avec eux pour acheter leur départ. La plus grande crise que doit affronter Eudes vient du futur Charles III, élevé à la cour de Rannoux II, comte de Poitiers, qui grandit. Il y a parmi les grands un certain nombre de partisans de la dynastie carolingienne, dirigée par Foulques, archevêque de Reims. En 893, profitant de l'absence d'Eudes, ils font couronner Charles à Reims. Eudes parvient à empêcher la dissidence des grands d'Aquitaine et de Bourgogne. A son retour au Nord de la Loire, Charles se dérobe, mais il est reconnu à Worms par Arnulf, qui lui concède le royaume occidental contre la reconnaissance de sa suzeraineté. Charles est ensuite battu sur l'Aisne et doit fuir en Bourgogne. Suivent trois années de guerre et de négociations avec les grands qui passent sans cesse d'un parti à l'autre. Eudes finit par l'emporter : en 897, Charles se soumet. Mais le roi conscient de la puissance du parti carolingien et du prestige persistant de la dynastie, conclut avec Charles un accord qui prévoit que celui-ci lui succédera. Eudes avait épousé une certaine Théodrate. Eudes mourut le 1er janvier 898 à la Fère sur Oise. Il fut inhumé à l’abbaye de Saint-Denis.


Dernière Modification   06/06/20

© Histoire de France 1996