Raoul de Bourgogne

 

Duc de Bourgogne. Fils de Richard, Raoul fut roi de France de 923 à 936. A la mort de Robert Ier, les grands qui ne veulent pas voir Charles le Simple remonter sur le trône, élisent le gendre de Robert, Raoul, duc de Bourgogne, ce qui permet d'éviter de choisir entre Arnoul, comte de Flandre et Herbert II, comte de Vermandois. Le nouveau roi est couronné en juillet 923 à Soissons. Il accepte le plan d'Herbert de Vermandois, qui, par ruse, fait prisonnier Charles le Simple qui devait mourir en prison à Péronne en 929. L'avènement de Raoul conduit à la perte de la Lotharingie par le royaume occidental. en effet, Henri Ier d'Allemagne considère que la mort de Robert le libère de ses engagements, et il entre en Lotharingie. Les grands du pays, qui étaient liés à la personne de Charles le Simple préfèrent se rallier au roi saxon. Raoul fait une tentative pour garder la Lotharingie mais l'aristocratie de France refuse de se battre pour ce royaume, et Raoul renonce à toutes ses prétentions sur lui. Il limite son action extérieure à la lutte contre les Normands. Il ne peut d'ailleurs empêcher leurs dévastations, et se trouve réduit à acheter leur retrait. La défense armée contre les Vikings est organisée localement. Il n'existe aucune coordination des grands, chacun jouant son propre jeu. La vie politique dans le royaume occidental pendant le règne de Raoul est dominée par la rivalité entre le roi et Herbert de Vermandois, qui veut agrandir son comté. Le refus de Raoul de céder la cité de Laon, à Herbert, dernière place de la royauté, amène la rupture en 927. Herbert n'hésite pas alors à utiliser les moyens les plus déstabilisateurs pour arriver à ses fins : transfert d'hommage au roi de Germanie, chantage à la restauration de Charles le Simple, appel aux Normands de Rollon (qui venait à peine de recevoir un établissement fixe) et bien entendu, recours à la force. Devant une telle situation, on peut étudier la politique d'équilibre des autres grands du royaume. Ainsi Hugues le Grand, fils de Robert, s'allie avec Raoul pour combattre les prétentions d'Herbert, à qui les coalisés reprennent Reims en 932. L'intervention d'Henri d'Allemagne sauve alors le rebelle qui se trouvait menacé à son tour dans le fondement de sa puissance. La paix de 935 lui permet de retrouver l'essentiel de sa base territoriale. Pour le reste, l'activité de Raoul consiste à aller par exemple en Bourgogne pour soumettre les comtes, car le pouvoir royal n'est obéi qu'en cas de présence physique du souverain, puis dans la vallée du Rhône pour essayer de maintenir des droits sur tout ou partie du royaume de Provence. Il tente de se faire reconnaître par les grands comme Guillaume II d'Aquitaine, Raymond III Pons de Toulouse en 932 ou Guillaume Longue-Epée de Normandie en 939. Parfois un succès indiscutable apporte un peu de prestige au roi, comme la victoire qu'il remporte sur les Normands à Estresses. Mais c'est très rare ; c'est pourquoi on peut dire que le règne de Raoul de Bourgogne avait marqué le point le plus bas du pouvoir royal dans le royaume occidental. En fait, malgré sa grande "énergie personnelle", Raoul n'a pu régner que "par intermittence". Le royaume se divisait à cette époque en quelques grandes principautés pratiquement indépendantes, et le roi ne disposait d'aucun moyen de les soumettre. Il n'avait aucune ressource fiscale, et donc pas d'armée. Se rendre à l'est était tombé en désuétude. Le roi était donc obligé de passer des alliances avec les dynasties qui dominaient le royaume, politique qui ne pouvait aboutir qu'à des résultats précaires et peu satisfaisants. Il est mort à Auxerre en 936 et fut inhumé à Sainte-colombe de Sens.


Dernière Modification   06/06/20

© Histoire de France 1996