Les quatre sergents de la Rochelle
 


Avant d'aborder le procès des quatre sergents de La Rochelle, il faut en retracer les faits historiques. De 1814 à 1830, excepté la période des cent jours, Louis XVIII et Charles X, frères de Louis XVI règnent sur la France.
La première restauration
débute le 30 avril 1814 à Compiègne Louis XVIII reçoit Talleyrand et le tsar. Ce dernier ayant caressé l'espoir d'être reconnu comme le sauveur de la dynastie, quitte Compiègne fou de rage. Louis XVIII l'a accueilli moins bien que le dernier des maréchaux. Louis XVIII promulgue la loi sur l'armée: congés en masse, officiers mis en arrêt d'activité et en demi-solde , l'infanterie passe de cent-sept régiments au lieu de deux-cent six. Le roi constitue ensuite son cabinet de la façon suivante. Le général Dupont est nommé à la guerre, Malouet à la marine, le baron Louis aux finances, Beugnot à la police,  Dambray à la justice, le comte Ferrand à la direction des postes, Talleyrand aux affaires étrangères, l'abbé de Montesquiou-Fezensac à l'intérieur, le duc de Blacas est nommé ministre de la maison du roi. La paix est signée le 30 mai à Paris avec l'Autriche, la Russie, la Grande Bretagne et la Prusse. Ce traité ramène la France aux frontières de 1792. Ordonnance de Beugnot interdisant le travail   les dimanches et jours fériés.  Montesquiou-Fezensac présente une ordonnance sur la presse, il veut rétablir la censure pour éviter les déchaînements, et les émeutes entre ultras et bonapartistes. Le 12 juillet le rapport sur les finances du pays est lu à la chambre. On annonce une dette de mille trois-cent millions. Le maréchal Soult remplace le général Dupont au ministère de  la guerre. Février 1815 Napoléon prépare son départ de l'île d'Elbe. Des bruits selon lesquels on voudrait le déporter à Sainte-Hélène sont parvenus jusqu'à lui. Le tsar réclame avec force l'exécution du traité du 11 avril selon lequel Louis XVIII s'engageait à verser deux millions chaque année à Napoléon. Le 26 février avec mille deux-cents hommes l'empereur quitte l'île d'Elbe. Le 2 mars l'empereur se dirige vers Digne et Grenoble? C'est par les Alpes qu'il entrera en France. Cette nouvelle parvient jusqu'à Paris. Louis XVIII prend aussitôt la route pour arrêter le traître.. Un peu avant Grenoble le 5è de ligne barre la route à l'empereur. Napoléon s'avance, feu crie l'officier du roi.... personne ne tire. L'empereur lance d'une voix forte " Soldats du 5è je suis votre empereur " il ouvre sa redingote et ajoute " S'il est parmi vous un soldat qui veuille tuer son empereur, me voilà ! " on lui répond au crie de " vive l'empereur " Les souverains alliés apprennent la nouvelle. Le futur Charles X quitte Lyon, le soir même Napoléon entre dans la ville. Avant de rejoindre Paris l'empereur signe une série de décrets. Ce même jour les coalisés le mettent au banc de l'Europe, il est déclaré ennemi et perturbateur du repos du monde. Le maréchal Ney et ses troupes se rallient à l'empereur. Apprenant la volte face de Ney Louis XVIII décide de fuir, le soir du 19 mars 1815 il quitte Paris pour la Belgique. Dans la nuit du 20 mars Napoléon arrive aux Tuileries.
C'est le début des cent jours.
Mars 1815, l'empereur se rend compte très vite qu'il est seul face à l'Europe. Il sait que les alliés n'accepteront jamais son retour, et que Marie-louise et son fils resteraient en Autriche. Napoléon forme son gouvernement, place Mollien au trésor, Gaudin aux finances, Bassano aux affaires étrangères, Decrès à la marine, le maréchal Davout à la guerre, Carnot à la l'intérieur et Fouché à la police. Ce dernier s'est juré de contrecarrer tous les plans de l'empereur. Sur Louis XVIII Napoléon déclarera " ce diable d'homme, en un an, m'a gâté la France ". Chaque pays coalisé s'engage à fournir cent cinquante mille hommes jusqu'à la défaite de Napoléon. L'empereur essaiera de négocier séparément avec les alliés, mais en vain. Le 31 mars 1815, Louis XVIII arrivé à Gand constitue son gouvernement. Tout l'ouest royaliste s'insurge les troubles dureront jusqu'à la fin des cent jours. Le 16 avril l'empereur prend les mesures qui lui permettront de réunir une armée. Sous le règne de Louis XVIII il y avait quatre-vingt mille hommes. Le 9 juin 1815, à Vienne l'acte final est signé entre les alliés. En somme il ne s'agit pas de maintenir le traité de Paris mais de le refaire. Sur l'acte un demi million d'hommes pourront être opposés à l'armée de Napoléon, chiffre qui pourra être doublé si la première bataille ne suffisait pas à battre l'empereur. Le 14 juin 1815, Blücher se trouve à pied d'œuvre avec ses cent vingt mille hommes, Wellington se place devant Bruxelles avec cent mille hommes. Le lendemain les Français entrent en Belgique. Premier combat à Gilly, les Prussiens sont battus. Le 16 juin bataille de Fleurus ou de Ligny, Napoléon doit prendre lui même la tête des troupes pour prendre Ligny. Le 17 juin 1815, à Fleurus, Napoléon ordonne à Grouchy de poursuivre les Prussiens, pendant que lui s'occupera des Anglais. Les trente-trois mille hommes de Grouchy manqueront cruellement à l'empereur, le lendemain à la bataille de Waterloo. Le 15 juillet 1815,  l'empereur se livre aux Anglais. Le Bellérophon le conduira en Angleterre. De là le Northumberland le mènera à Sainte-Hélène. Le 5 mai 1821 l'empereur rend son dernier soupir. On prétend qu'il fut empoisonné, çà c'est une autre histoire ! Sa mort permit le rapprochement entre les libéraux et les bonapartistes.
La position de Louis XVIII s'est aggravée avec la victoire des alliés, ils envisageaient même la restauration des Bourbons sur le trône de France. Des conditions de paix très dures furent imposées, les actes du gouvernement furent mis sous contrôle des quatre grandes puissances. La révolution et l'empire avaient exaspéré la haine des royalistes, la terreur blanche sévit de juillet à octobre 1815 à Marseille, Toulouse, Nîmes, Avignon. La contre partie fut cinglante avec l'entrée d'une énorme majorité d'extrême droite à l'assemblée lors des élections de août 1815 (trois cent cinquante députés d'extrême droite sur quatre cent deux). Les dispositions prises par cette chambre introuvable, épuration de la fonction publique, exécutions de généraux tels que le maréchal Ney, amenèrent Louis XVIII à dissoudre l'assemblée le 5 septembre 1816. Une nouvelle chambre fut élue en octobre, composée de cent ultras, cent vingt constitutionnels et des indépendants. Les constitutionnels gardèrent le pouvoir pendant quatre ayant comme chef le duc de Richelieu et le marquis Dessoles. Le principal acteur fut Decazes, ministre de la police et de l'intérieur, ami de Madame Mère et favori du roi, c'est lui qui conseille au roi le choix de ses ministres.
Les ultras au pouvoir. Avec l'arrivée en février 1820, du duc de Richelieu à la présidence du conseil, il prend trois ultras dans son cabinet, mais en décembre 1821, Villèle forme un gouvernement entièrement ultra. Ce gouvernement se maintiendra jusqu'en 1828. Les lois successives de ce gouvernement, pénaliseront le parti de gauche qui, de quatre vingt députés en 1820, seront quinze en 1824. Avec la presse bâillonnée,  ils n'auront que pour se faire entendre, que la solution de l'action clandestine avec la Charbonnerie. On y trouve des noms célèbres comme La Fayette, Augustin Thierry, Voyer d'Argenson, le colonel Fabvier, des officiers et étudiants. Le "Grand soir" est fixé au 29 décembre 1821, des coups de force éclatent à Saumur,, Thouars, Belfort, mais La Fayette ayant refusé à s'engager, les opérations échouent. La police chargée de retrouver les comploteurs, arrête quatre sergents appartenant au 45è régiment de ligne basé à La Rochelle. Sergent Bories François 26 ans, sergent  major Pommier Jean 25 ans, sergent Raoulx Charles 24 ans, sergent Goubin Charles 20 ans. Ils sont accusés et jugés à Paris le 21 août 1822. Le ministère public demande et obtient la peine de mort. Ils sont guillotinés le le 21 septembre , Louis XVIII ayant refusé la grâce. Les quatre sergents deviennent un symbole pour l'opposition libérale.


Dernière Modification   26/04/19

© Histoire de France 1996