Reines de la dynastie
des Valois
Jeanne
de Bourgogne (1293 - Paris 1348). Reine de France (1328 - 1348). Première
femme de Philippe VI. Inhumée à l’abbaye Saint-Denis. Fille du duc Robert II de
Bourgogne et d’Agnès de France, fille de Saint-Louis, elle épouse en 1313
Philippe de Valois, le futur Philippe VI. Si elle ne fut pas adultère comme sa
soeur Marguerite, et si elle donna bien des enfants à son époux (ils en eurent 8
dont 5 moururent en bas âge), ce ne fut pas apparemment une reine bien
satisfaisante. Elle a laissé en tout cas un très mauvais souvenir ; c’est "la
mâle reine" pour les chroniqueurs, qui lui reprochent tous sa méchanceté et sa
capacité de haine et de vindicte. Le fait qu'elle était boiteuse la rendait
peut-être spécialement susceptible, mais la violence de son caractère (qu'on
retrouve chez son fils Jean le Bon) ne donnait pas à la cour une plaisante
atmosphère. Elle mourut de la peste en décembre 1348. Le roi se remaria
aussitôt.
Blanche de Navarre (1330 - Neaufle-le-Château 1398).
Reine de France (1350). Deuxième femme de Philippe VI. Inhumée à l'abbaye
Saint-Denis. Quelques mois de mariage, quarante-huit ans de veuvage, tel fut le
destin de la reine Blanche, épousée à seize ans par Philippe VI, à peine veuf de
Jeanne de Bourgogne, mais qui devait mourir lui-même quelques mois plus tard.
D'une grande beauté, portant le beau surnom de "Belle Sagesse", Blanche était la
fille de Philippe d'Évreux et de Jeanne II de Navarre, la fille de Louis le
Hutin, à qui on avait laissé la Navarre à la mort de son père. La reine était
donc la sœur de Charles le Mauvais, et elle servit longtemps d'intermédiaire
entre cet adversaire des Valois et le roi de France. Elle jouissait en effet
d'une grande autorité et était très respectée à la cour. En 1389, c'est elle qui
organise à la demande de Charles VI, une des grandes fêtes chères aux
Marmousets, l'entrée royale d'Isabeau de Bavière à Paris, et qui, avec le roi,
accueille la reine au Palais, après son couronnement. Elle eut une fille morte à
vingt ans sans alliance.
Bonne de Luxembourg (Prague 1315 - Maubuisson
1350) Reine de France (1350). Première femme de Jean le Bon. Inhumée à l’abbaye
de Maubuisson. Fille du roi de Bohème Jean Ier
de Luxembourg, ami de Philippe VI, Guta de Luxembourg, dont on franchise le nom
en Bonne est marié à 16 ans en 1332 à Melun, à son époux qui en a 14, le futur
Jean le Bon. Très effacée, elle meurt de la peste en septembre 1359, sans avoir
eu le temps de régner (Philippe V est mort le 26 août de la même année), après
avoir donné onze enfants à son mari, dont les futurs Charles V ; Jean le
Fastueux, duc de Berry (celui des "Très Riches Heures du Duc de Berry") ;
Philippe le Hardi, duc de Bourgogne et Louis Ier, roi titulaire de
Naples. Parmi les nombreuses filles, on relève Jeanne, mariée à Charles II, roi
de Navarre ; Marie, épouse du duc de Bar, Robert Ier
et Isabelle, duchesse de Milan par son mariage avec Jean-Galeas Visconti.
Jeanne de Boulogne (Vadans, Haute-Saône, 1326 - Château
de Rouvres, Côte d'Or 1360) Reine de France (1350 - 1360). Deuxième femme de
Jean le Bon. Probablement Inhumée à l'abbaye de Cîteaux. On sait peu de choses
d'elle, mais son mariage avec Jean II le Bon a une importance politique, il
permet la réunion du duché de Bourgogne à la France. C'était pour la princesses,
comme pour le roi, un deuxième mariage car elle était veuve en premières noces
de Philippe de Bourgogne dont elle avait eu un fils. Celui-ci meurt peu de temps
après sa mère, et Jean le Bon en profite pour se rendre maître du duché, qu'il
donnera en apanage à Philippe le Hardi en 1363. Jeanne de Boulogne meurt de la
peste après avoir eu du roi trois enfants morts jeunes.
Jeanne
de Bourbon (Vincennes 1338 - Paris 1377). Reine de France (1364 - 1377).
Femme de Charles V. Inhumée à l’abbaye de Saint-Denis. Cousine de Charles V, née
au même endroit que lui quelques jours après lui, elle lui est fiancée très tôt.
Ils ont douze ans quand ils se marient en 1350 et ils semblent s'être bien
entendus toute leur vie. Le roi aime sa compagnie et sa conversation et n'a pas
de maîtresse. Il souffre beaucoup de sa mort et lui fait faire des obsèques
splendides. Le portrait qu'on a d'elle (gisant de Saint-Denis) ne nous montre
pas une beauté, mais une femme fine et qui parait sagace. Christine de Pisan
nous a laissé une description enthousiaste de la magnificence de ses parures et
du talents qu'elle manifestait pour maintenir la cour en bon ordre : elle
partage, on le voit, les goûts de son époux. Ils eurent huit enfants, dont
Charles VI, Louis, duc d'Orléans et Catherine, mariée à Jean II, duc de Berry,
morte à dix ans.
Isabeau
de Bavière (Munich 1371 - Paris 1435) Reine de France (1385 - 1422).
Femme de Charles VI. Inhumée à l’abbaye de Saint-Denis. Élisabeth de Bavière,
dont nous avons francisé le nom en Isabeau, est une des reines les plus décriées
de l'histoire de France : c'est l'infâme Isabeau qui livre le royaume aux
Anglais au "honteux traité de Troyes" où elle n'hésite pas en échange de
compensations financières, à vendre sa fille et à renier son fils, manquant
ainsi à ses devoirs de reine comme à ses devoirs de mère et paraissant affirmer
de plus avoir manqué à ses devoirs de femme. C'est là une légende noire qui,
n'est pas fondée dans les faits. Il ne s'agit pas de faire d'Isabeau une sainte,
ni "un grand homme d'État" mais de se rappeler les problèmes qu'elle eut à
affronter venue toute jeune, "de Bavière" (C'est une Wittelsbach, sa mère est
une Visconti). Parce qu'à l'époque la France recherche des alliances allemandes.
Elle plaît au roi qui l'épouse très rapidement le 13 juillet 1385. Elle lui
donne 12 enfants. Elle semble avoir eu un naturel indolent, un goût prononcé
pour la bonne chère (elle est vite obèse), un souci de thésauriser : cela ne la
préparait pas spécialement à faire face aux catastrophes qui vont l'accabler. Le
prince éclatant qu'elle a épousé devient malade, violent, négligé et dont elle
doit supporter les sautes d'humeur et les alternances de lucidité et de démence.
Charles lui revient pendant les rémissions (7 enfants naissent après 1392 dont
le futur Charles VII en 1403 et le dernier en 1407). Malgré les précautions
qu'on a de lui donner une maîtresse en 1405, qui sait d'ailleurs prendre soin du
malade, Isabeau donne son accord à cet arrangement ce qui scandalise. Mais
est-ce seulement pour se protéger de Charles ou parce qu'elle a une liaison avec
son beau-frère Louis d'Orléans ? On le lui a reproché mais on n'a aucune preuve
qu'elle ait trahi le roi. On peut penser qu'elle a simplement cherché appui,
après la mort de Philippe le Hardi (son protecteur, celui qui avait négocié son
mariage), auprès du premier prince du royaume, après le roi. Mais elle y perd sa
réputation et devient impopulaire. Et il lui faut pourtant gouverner la France
dans des conditions de guerres civile et étrangère atroces. Une ordonnance de
1403 lui confie explicitement la garde du dauphin et la présidence du Conseil
pendant les "absences" du roi où elle est vraiment chargée du gouvernement. Mais
si même, elle a une volonté, elle a bien rarement les moyens, politiques et
financiers, de l'imposer et quand on en arrive aux négociations du traité de
Troyes, c'est le roi d'Angleterre qui est en mesure d'imposer la sienne :
Isabeau n'a plus qu'une apparence de pouvoir. Elle est contrainte d'accepter les
clauses d'un traité qu'elle désapprouve. Mais il faut bien voir qu'aucune de ces
clauses ne proclame son fils "bâtard". Si le traité appelle Charles le
"soi-disant dauphin" et s'il le déchoit de tous ses droits, il n'invoque jamais
qu'une seule raison : le crime de Montereau. C'est l'assassinat de Jean sans
Peur qui rend Charles "inhabile de toute seigneurie" et non une bâtardise dont
personne ne parle à l'époque. Mais le fait extraordinaire d'écarter de la
succession le légitime héritier a fait dire qu'on l'avait traité "comme un
bâtard". Il ne fut pas difficile ensuite de jouer sur les mots et de laisser se
répandre des bruits qui ne pouvaient déplaire aux Anglais. Isabeau n'a pas eu
une attitude glorieuse, certainement, mais elle a fait preuve de lâcheté plus
que d'indignité. Elle n'y gagna vraiment rien et sa vieillesse solitaire à
l'hôtel Saint-Pol fut d'une grande tristesse. Parmi ses douze enfants outre
Charles VII, on relève Charles (1392 - 1398), Louis (1397 - 1415) et Jean (1398
- 1417), successivement dauphins de Viennois ; Isabelle, épouse de Richard II,
roi d'Angleterre puis de Charles, duc d'Orléans (le poète) ; Jeanne, épouse du
duc de Bretagne Jean VI ; Michelle, épouse du duc de Bourgogne Philippe le Bon ;
Catherine, successivement mariée au roi Henri V d'Angleterre et à Owen Tudor.
Marie d'Anjou(Naples 1404 - Abbaye des Châtelliers, Poitou 1463). Reine de
France (1422 - 1461). Femme de Charles VII. Inhumée à l’abbaye de Saint-Denis.
Marie d'Anjou est la fille de Louis II d'Anjou et de Yolande d'Aragon, femme
d'une grande énergie et d'une remarquable intelligence politique. C'est Yolande
qui négocie avec Isabeau de Bavière le mariage de sa fille avec le futur Charles
VII, qui a alors 10 ans, et qui n'est encore que le comte de Ponthieu (il avait
en effet deux frères plus âgés). Les fiançailles furent célébrées en 1413.
Normalement Marie aurait dû être élevée à la cour de Charles VI avec son fiancé
mais le roi est en proie à la folie, la querelle des Armagnacs et des
Bourguignons bat son plein. Yolande ne souhaite pas laisser sa fille à Paris
dans une période aussi troublée. C'est donc Charles qui doit suivre sa fiancée,
en février 1414. Yolande emmène les futurs époux en Anjou, où Charles passe
quelques années heureuses et calmes. Il aura toujours une affection fraternelle
pour Marie, à défaut d'amour. On remarque qu'il l'épouse tardivement pour
l'époque (il a dix-neuf ans et elle dix-sept quand leur mariage est célébré en
1422). Il est vrai qu'elle n'est guère séduisante mais elle est douce, sage,
prête à mener au service de son époux une vie effacée. Elle lui donnera 14
enfants et sera la mère de Louis XI ; de Catherine, épouse de Charles le
Téméraire, duc de Bourgogne ; de Yolande, épouse d'Amédée IX, duc de Savoie ;de
Jeanne, épouse de Jean II, duc de Bourbon ; de Madeleine, épouse de Gaston de
Foix et de Charles, duc de Berry ; les autres enfants étant morts en bas-âge.
Marguerite Stuart, princesse d'Écosse (Édimbourg 1425 - Châlons-sur-Marne
1445). Dauphine de France (1436 - 1445). Première femme de Louis XI. Inhumée à
l’abbaye Saint-Laon, Thonais. Marguerite Stuart est la femme choisie pour son
fils Charles VII. Arrivée toute jeune en France, elle séduit la cour par sa
grâce et sa culture, mais guère son mari : ils appartiennent à des univers
mentaux trop différents et surtout elle ne lui donne pas d'enfants. Fille de
Jacques I Stuart, roi lettré et poète, elle a les mêmes goûts que son père,
écrit des rondeaux, réunit autour d'elle le soir dames et courtisans pour lire
des poèmes et écouter de la musique, divertissements innocents qui lui vaudront
pourtant des calomnies dont elle souffrira encore sur son lit de mort. Elle
meurt prématurément à 20 ans, après avoir pris froid en août 1445.
Charlotte
de Savoie (Chambéry 1445 - Amboise 1483). Reine de France (1461 - 1483).
Deuxième femme de Louis XI. Inhumée en l'église Notre-dame de Cléry. Louis XI
choisit Charlotte, fille du duc de Savoie, alors qu'il est encore dauphin et
contre le gré de son père. Elle a 16 ans lorsqu'il l'épouse en mars 1451 alors
qu'il en a 22. Le mariage n'est consommé que quelques années plus tard. Il en
naît 6 enfants dont trois survivent, le futur Charles VIII et deux filles, une
sage, Anne de Beaujeu qui devait exercer la Régence du royaume pendant la
minorité de son frère et une sainte, Jeanne de France qui épouse le futur Louis
XII. La reine, assez effacée, vécut la plupart du temps à Amboise, où elle
s'occupa de l'éducation de ses enfants et où Louis XI la rejoignit assez
souvent. Charlotte n'était pas jolie mais elle était douce et docile et le roi
heureux qu'elle lui ai donné des enfants. A la mort de son fils François en
1473, qui l'affecte beaucoup, il fit le vœu de ne plus jamais lui être infidèle,
vœu qu'il observa à en croire Commynes. Elle ne lui survécut que quelques mois :
il mourut en août 1483, elle en décembre de la même année.
Anne,
duchesse de Bretagne (Nantes 1477 - Blois 1514). Duchesse de Bretagne, deux
fois reine de France en tant que femme de Charles VIII (1491 - 1498) et de Louis
XII (1498 - 1514). Inhumée à l’abbaye Saint-Denis. Anne était la fille de
François II de Bretagne et de Marguerite de Foix. François II, très attaché à
l'indépendance de sa province et qui n'avait pas de fils, obtint de ses États
réunis à Rennes qu'ils reconnaissent comme ses héritiers ses deux filles Anne et
Isabeau, si aucun garçon ne venait à naître. A la suite des intrigues du duc
d'Orléans, futur Louis XII, qui cherchait à renverser les Beaujeu avec Landois
lequel gouvernait en fait à la place du duc, la guerre éclata entre la France et
la Bretagne, vaincue à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier (28 juillet 1488).
Les négociations furent menées par Charles VIII en personne, dont ce fut le
début du règne personnel. Il imposa au duc des conditions modérées, entre autres
que ses deux filles ne se marieraient pas sans son consentement (traité du
Verger ou de Sablé). La mort de François II en septembre 1488 posa à nouveau le
problème de la Bretagne, quoique fort jeune. Anne, qui avait hérité de son père
de la même passion de l'indépendance, entendait la conserver. A la fin, elle
décida d'épouser Maximilien d'Autriche, Roi des Romains et candidat naturel à
l'Empire. La cérémonie eut lieu par procuration en décembre 1490, au mépris des
engagements du Verger, ce qui provoqua la reprise des hostilités. Acculée, la
duchesse fut contrainte d'épouser le roi de France à Langeais, le 6 décembre
1491. Les époux se cédèrent mutuellement leurs droits sur la Bretagne et la
reine s'engage à épouse, en cas de décès de son mari, son successeur ou le plus
proche héritier du trône. A la mort de Charles VIII le 18 avril 1498, Anne
récupéra son duché puisque le roi ne laissait pas d'héritier direct (les trois
fils et la fille que la reine lui donna moururent au berceau). Conformément à
son contrat de mariage, elle épousa Louis XII dès que celui-ci eut obtenu
l'annulation de son union d'avec Jeanne de France, fille de Louis XI. La
cérémonie fut célébrée le 8 janvier 1499. Pour la sauvegarde de la province,
Anne obtint cette fois des conditions plus avantageuses qu'avec Charles VIII. En
effet, non seulement elle en conservait le gouvernement mais de plus les droits
de ses héritiers étaient conservés si elle mourait sans enfants. Dans le cas
contraire, la Bretagne serait transmise au deuxième enfant mâle ou fille. Sa vie
durant, Anne eut une réputation de générosité, de bonté, d'esprit et
d'intelligence. Tout en étant loyale à l'égard de la couronne, elle resta très
attachée à son duché dont elle voulait conserver les usages et les
particularités. Elle fut une mécène active en protégeant de nombreux artistes
(Jean Marot, frère de Clément Marot ; l'historien Antoine Dufour ; les peintres
Jean Perréal et Jean Bourdichon ; le sculpteur Michel Colomb).
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