La croisade des Albigeois


Au XII è siècle, en Languedoc, l'hérésie cathare fait des progrès. Les Cathares se déclarent chrétiens mais refusent l'ancien Testament ainsi que les rites de l'Église catholique. Ils ont un seul sacrement, " irréversible ", le " Consolament " qui les met au nombre des Parfaits. En grec cathare signifie " pur " Ils s'inspirent de la doctrine manichéenne où le Mal et le Bien s'affrontent le corps étant le Mal, oeuvre du diable, tandis que l'âme qui emprisonnée dans le corps est l'œuvre Divine. Aussi les Cathares sont contre le mar iage religieux : Dieu ne pouvant bénir l'union de deux créations le Bien et le Mal. Certains en profitent pour affirmer que les Cathares étant contre le mariage sont donc contre la femme et insinuent que le crime pédérastique (tout comme pour les Templiers) fait partie du rituel d'initiation ! Il n'y a plus de prêtres dans les paroisses, les parents refusent de faire baptiser leurs enfants, plus de mariage mais on vit en concubinage. 1145, le pape Alexandre III envoie Saint - Bernard dans le Languedoc afin de récupérer ses ouailles mais c'est un échec. 1167, un concile réunit à Saint - Félix - de - Caraman, prés de Toulouse, affirme l'existence d'une Église cathare. 1178, le pape veut faire un exemple, il envoie ses légats à Toulouse, mais ceux-ci manquent de se faire lyncher suite à la condamnation d'un bourgeois Peire  Mauran,  pour Hérésie. 1198, Innocent III devient pape, il envoie des délégués à Béziers, Razès, Carcassonne et Toulouse, nouvel échec. 1202, Pierre de Castelnaud, cistercien de l'abbaye de Fontfroide est nommé légat du pape. Malgré des condamnations et des excommunications dont celle de Raimond VI comte de Toulouse, rien ne change. Le 15 janvier 1208, dans une hôtellerie à Saint-Gilles, sur les bords du Rhône, alors qu'il se rend à Rome, Pierre de Castelnaud est assassiné d'un coup de lance par un écuyer de Raimond VI, Comte de Toulouse. Innocent III, suite à cet assassinat, fait appel au roi de France, Philippe Auguste qui donne le libre choix à ses vassaux. C'est le début de la " croisade contre les Albigeois" Elle durera 40 ans !  En 1167, un concile réuni à Saint - Félix - de - Caraman,  près de Toulouse, affirme l'existence d'une église cathare. Le pape déclare que les terres et les biens des hérétiques seront distribués aux croisés, que tous les pêchés seraient pardonnés comme lors des croisades contre les infidèles, beaucoup de barons du Nord, dans l'espoir de faire fortune et d'entrer en possession de quelque terre répondent à l'appel d'Arnaud Amalric abbé de Cîteaux et légat du pape. Il réunit à Lyon l'ost des croisés vingt mille chevaliers dont Simon de Montfort, homme intelligent, courageux, ambitieux, dénué de scrupules et brutal, surnommé le lion des croisades, ce féroce baron du Nord va avec l'appui de l'église, mettre l'Occitanie à feu et à sang. Le 18 juin 1209, à Saint-gilles, lieu où fut inhumé Pierre de Castelnaud, se déroule la cérémonie de la levée d'excommunication du comte de Toulouse. Raimond VI jure sur les évangiles d'obéir à l'église romaine et aux ordres des légats. Il promet également de restaurer les couvents et les abbayes, de chasser les juifs et de combattre les hérétiques. En juillet 1209, les croisés dont fait partie Raimond VI, pénètrent dans la ville de Béziers, pourchassent les habitants : hommes femmes, enfants et vieillards catholiques ou hérétiques sans distinction et se livrent à un horrible massacre. Certains biterrois se réfugient dans l'église de la Madeleine où ils sont passés au fil de l'épée ( l'église étant un lieu d'asile ! ) Certains croisés demandent à Arnaud  Amalric comment distinguer les catholiques des hérétiques. Réponse du légat : " Tuez les tous , Dieu reconnaîtra les siens " Le pape Innocent III avait-il pas crée un précédent en déclarant aux croisés: " Allez soldats du Christ ! Appliquez-vous à détruire l'hérésie par tous les moyens que Dieu vous inspirera ! " Dieu ne leur a certainement pas inspiré la tuerie de vingt mille biterrois, ni d'envoyer les rescapés restants, atrocement mutilés à travers la région afin de rependre la terreur !. Huit jours après cette tuerie, les croisés se trouvent devant les remparts de Carcassonne. La cité est défendue par le vicomte Raimond-Roger Trencavel, âgé de 24 ans. Le jeune vicomte et ses hommes repoussent toutes les attaques des croisés. Arnaud Amalric voyant qu'il ne peut prendre la forteresse, envoie un parlementaire au jeune vicomte. Ayant reçu toutes les assurances le jeune vicomte accepte de se rendre au camp des croisés pour rencontrer le légat. C'était sans compter sur la perfidie du légat, car lorsqu'il fut entré dans la tente d'Arnaud Amalric, le légat signifie au vicomte qu'il est son prisonnier tant que la ville ne se livrerait pas. Les Carcassonnais sont stupéfaits devant cette fourberie, et décident tous de quitter la ville pendant la nuit. Lorsque les croisés pénètrent dans la ville le lendemain à l'aube, ils ne trouvent personne. Le 15 août 1209, le légat fait mettre le vicomte Raimond-Roger Trencavel aux fers dans le cachot de la tour Pinto. Simon de Montfort le fait assassiner le 10 novembre 1209 et prend le titre de Vicomte de Carcassonne. Le jeune fils du vicomte, âgé de 4 ans est emmené au château de Foix.. Juin 1210 Simon de Montfort avec l'aide d'Aymeric, vicomte de Narbonne met le siège devant Minerve défendue par le vicomte Guillaume. N'ayant plus d'eau ni de vivres les habitants se rendent. Leurs biens sont confisqués. On leur promet la vie sauve s'ils se convertissent, mais cent quarante cathares préfèrent le bûcher plutôt que de renier leur foi. Les habitants qui ont réussi à fuir sont repris et passés au fil de l'épée. En mars 1211, Simon de Montfort met le siège devant Lavaur défendue par la châtelaine Guirande de Laurec. Dame Guirande étant veuve, son frère Aymeri de Montréal accompagné de quatre-vingt chevaliers, vient l'aider à défendre son château. Les assiégeants parviennent à faire une brèche dans les remparts et le massacre commence. Aymeri de Montréal est pendu ainsi que ses quatre-vingt chevaliers, la châtelaine est jetée vivante dans un puits qu'ils comblent de pierres, puis les croisés dressent un bûcher sur lequel ils font périr quatre cents cathares. Le 17 juin les croisés attaquent Toulouse, mais la ville est bien défendue par Raimond VI aidé du comte de Foix et du comte de Comminges. Simon de Montfort est obligé de lever le siège. Il va de ce fait mettre le siège devant Cabaret, la cité est défendue par le seigneur Pierre - Roger de Cabaret. Après trois jours de siège le lion des croisades est obligé de partir. Le château de Cabaret devient le symbole de la liberté où se réfugient tous les cathares. Bientôt las de pourchasser les assaillants Pierre - Roger négocie sa liberté et celle des siens avec Montfort en échange de Bouchard cousin du croisé.. Les réfugiés cathares du château de Cabaret s'éparpillent dans les forêts environnantes et les grottes de la montagne noire. Le 12 avril 1212 le château de Hautpoul tombe aux mains des croisés tous les défenseurs sont massacrés. En novembre 1215 le concile de Latran attribue le comté de Toulouse à Simon de Montfort. Le 16 juin 1216, le futur Louis VIII et Amaury de Montfort mettent le siège devant Toulouse. Raimond VII et les Toulousains résistent vaillamment, Louis VIII doit lever le siège le 1er août. Les habitants de Beaucaire offrent leur ville au fils du comte de Toulouse, Raimond VII. Raimond repousse les attaques avec l'aide des habitants et des renforts venus de Tarascon, de Marseille et d'Avignon Simon de Montfort vient au secours des croisés, mais Beaucaire résiste toujours, après quatre attaques ils renoncent à prendre la ville. Le 24 août 1216 Montfort capitule et négocie avec Raimond VII. septembre 1217 Montfort met le siège devant Toulouse, malgré les renforts demandés la ville résiste toujours. Le 5 juin 1218 Guy de Montfort frère de Simon gît dans un fossé, Simon venu aider son frère est atteint par un boulet en pleine tête Amaury son fils fait emporter son corps à Carcassonne où les obsèques ont lieu dans la cathédrale Saint-Nazaire. Amaury n'a pas l'envergure de son père, il perd une à une toutes les conquêtes faites par son père Simon de Montfort, aussi s'empresse t-il de remettre toutes ses terres au roi de France pour que l'ordre y règne. En 1226 nouvelle croisade contre les Albigeois mais royale cette fois et avec l'aide de l'église. Louis VIII à la tête de six cent  mille hommes s'empare d'Avignon. Remontant vers Paris le 8 novembre le roi meurt à Montpensier, laissant à son épouse Blanche de Castille et à Romain de Saint-Ange le soin de mettre le Languedoc au pas. Ce que Blanche aura tôt fait de faire. 1228 instauration de l'inquisition épiscopale. L'abbé Grandselve propose la paix à Raimond VII au nom de la régente. 12 avril 1229 traité de Paris entre Louis IX et Raimond VII. Sur la parvis de Notre - Dame le comte de Toulouse est flagellé devant Blanche de Castille tout comme son père l'avait été à Saint-Gilles. Le traité rattache le Languedoc à la couronne, en plus Raimond accepte de marier sa fille, 9ans, à Alphonse de Poitiers frère du futur Louis IX. Le comte doit accepter des garnisons royales dans certaines places fortes. En outre il s'engage à extirper l'hérésie de ses terres. Quant aux cathares s'ils se convertissent, ils pourront rester en ville, à condition de porter une croix d'infamie sur leurs vêtements. Sinon leurs maisons seront brûlées, tous leurs biens confisqués au profit de l'église, et eux condamnés au bûcher. L'institution de l'inquisition au Languedoc verra le jour en 1233, elle instaure la délation ?. On déterre les cadavres d'hérétiques pour les brûler avec les vivants sur un bûcher, leurs biens sont confisqués et leurs maisons brûlées. La hargne et le fanatisme des inquisiteurs les rendent de plus en plus impopulaires. Malgré les tortures la foi des cathares reste inébranlable. Un un après le traité de Paris de nombreux cathares arrivent à Montségur. Ils construisent de misérables cabanes autour du château. 1241 premier siège de Montségur par l'armée de Raimond VII qui s'était engagé par le traité de Montargis, à détruire le château dès qu'il s'en serait rendu maître. Mars 1242 une soixantaine d'hommes commandés par Pierre - Roger de Mirepoix surprennent les membres de l'inquisition à Avignonet. Tous les inquisiteurs sont passés au fil de l'épée. Le concile de Béziers avril 1243, ordonne la prise du temple cathare. En mai le sénéchal du roi et l'archevêque de Narbonne siègent devant le château de Montségur avec une armée de dix mille hommes. Pour leur faire face quinze chevaliers et cent sergents d'armes gênés par les réfugiés. Juillet 1243 toujours dix mille hommes entourent le château mais la garnison compte 500 personnes. Ne connaissant pas la montagne les croisés n'arrivent pas à isoler complètement le château. En octobre des mercenaires du pays Basque viennent rejoindre les gens du château ils escaladent les rochers avec une aisance déconcertante de cette manière, la nuit ils  escaladent la crête et y assemble un gros trébuchet alimenté par une carrière ouverte qui se trouve sur place. Grâce à cette machine Montségur résiste. Deux parfaits conduits par Bertrand de Morenci parviennent à passer pour aller mettre en lieu sûr leurs livres sacrés et peut-être  leur trésor ! Février 1244 après négociation les assiégés obtiennent une trêve de deux semaines. Veulent-ils prendre des dispositions d'ordre pratique ou spirituel ? Mars, n'ayant plus de vivres et n'espérant plus aucun secours extérieur les survivants ouvrent les portes du château. Les croisés garantissent la vie sauve à la garnison, en hommage à sa bravoure, ils ont aussi promis d'épargner les cathares prêts à renier leur foi, tout en sachant qu'ils ne le feront pas. 16 mars 1244 au matin, Hugues des Arcis et Pierre Amiel prennent possession de Montségur, le premier au nom du roi le second au nom de l'église. La population est partagée en deux groupes : les croyants et les parfaits. Ils se rangent autour de leurs dignitaires. L'évêque leur demande d'abjurer l'hérésie. Ils refusent. On les lie avec des lanières de cuir puis on les pousse sans ménagement dans l'étroit chemin qui descend du château. Ils sont deux cent vingt. On les mène comme un troupeau vers l'enclos préparé au bas de la façade sud-ouest de Montségur. Une haute palissade de pals est dressée,  à l'intérieur de laquelle des fagots sont entassés avec de la paille et de la résine. Parfaits et Parfaites ne sont pas enchaînés à des poteaux individuels mais entassés pêle-mêle dans l'enclos. Les valides montent par des échelles et sautent sur les fagots. Les malades, les infirmes et les blessés sont empoignés par les soldats et jetés comme des paquets. Des torches sont lancées et les flammes crépitent. Les cantiques entonnés par les moines, les craquements du feu étouffent les cris. Lorsque la nuit tombe, le monstrueux  bûcher rougeoît encore. Une fumée nauséabonde et noire couvre la vallée. Les braises achèvent de s'éteindre dans le  "Prat dels Cramats " le champ des brûlés tandis que quatre Parfaits descendent à l'aide de cordes et s'enfoncent dans la nuit. Pierre Roger de Mirepoix les avaient cachés au bas du château, à la demande de l'évêque Marty. Là commence l'énigme du trésor des cathares, peut-être est-ce l'histoire de Rennes le Château et de l'abbé Saunière ? 

Pour en savoir plus sur les cathares cliquez sur ce lien

                     La tragédie Cathare de Georges Bordonove
Sources :     Guide en Terre Cathare de Jean-Yves-Tournié
                     Le Pays Cathare France Loisirs


Dernière Modification   05/05/18

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