Le procès des Templiers
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En 1310, les derniers défenseurs de l’ordre écriront : " Nos frères ont dit tout ce que voulaient les bourreaux " après avoir reçu des apaisements de Philippe et s’être déclaré ébranlé, le pape, le 22 novembre, enjoignait à tous les princes chrétiens de saisir les templiers présents dans leur états. Mais ce pontife flottait décidément à tous les vents. Au début de 1308 il ne croyait plus du tout aux accusations contre les templiers. Il exigea que l’affaire lui fut évoquée personnellement et la procédure suspendue. les templiers reprirent espoir. Hugues de Pairaud rétracta ses aveux. Alors Nogaret se déchaîna . Il fallait effrayer clément, ce qui apparemment n’était pas très difficile. Un avocat de Coutances, Pierre Dubois, porte parole officieux du roi, écrivit un pamphlet qui évidemment, lui avait été commandé : " que le pape prenne garde : il est simoniaque. Il donne par affection du sang les bénéfices de la sainte église de Dieu à ses proches parents ; il est pire que Boniface qui n’a pas commis autant de passe-droits. Il faut que cela lui suffise ; qu’il ne vende pas la justice. On pourrait croire que c’est à prix d’or qu’il protège les templiers, coupables, contre le zèle catholique du roi de France. Moïse, l’ami de Dieu, nous a enseigné la conduite qu’il faut tenir vis-à-vis des templiers quand il a dit: " que chacun prenne son glaive et tue son plus proche voisin " Moïse a fait mettre à mort, pour l’exemple d’Israël, 22000 personnes sans avoir demandé la permission d’Aaron, que Dieu avait établi grand prêtre.... " il faut dire que le destin des templiers préoccupait Pierre Dubois depuis quelque temps. L’année précédente, il avait prodigué des conseils, tendant à régler le sort des frères du temple : "  rien de plus simple à corriger ; il faut les forcer à vivre en orient des biens qu’ils y possèdent : plus de templiers ni d’hospitaliers en Europe. pour leurs terres situées en deçà de la Méditerranée, elles seront livrées à ferme noble. On aura ainsi plus de 300000 livres tournois par an, qui serviront à acheter des navires, des vivres et des équipements de façon que les plus pauvres pourront aller outre mer. Les prieures et commanderies d’Europe seront utilisées : on y installera des écoles pour les garçons et les filles adoptés par l’œuvre des croisades ou les arts mécaniques, la médecine, l’astronomie et les langues orientales y seront simultanément enseignés " en bref, se débarrasser définitivement des templiers et confisquer leurs biens . L’infortuné clément V plia une fois encore. toutefois, les apparences furent sauvées : les templiers seraient remis au pape, mais celui ci devait aussitôt restituer les prisonniers aux officiers royaux qui les garderaient : " au nom de l’église romaine ". mais, pour régler le sort de l’ordre, le pape exigeait un concile qui se tiendrait à Vienne, en Dauphiné, en octobre 1310. Ce concile aurait à décider du sort de l’ordre du temple. Quant aux crimes des templiers en tant que personnes, ils seraient jugés par les évêques diocésains et les inquisiteurs ; le grand maître et les hauts dignitaires comparaîtraient devant le pape. Les deux procès allaient se poursuivre parallèlement. Partout on recueillait les " aveux " des frères du temple.


Dernière Modification   22/12/16

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