Jamaïque
Superficie
: 11 450 km²
Population : 2 100 000 habitants
Capitale : Kingston (700 000 habitants)
Langue : anglais
Religion : christianisme
Régime politique : Etat associé au Commonwealth
Unité monétaire : le dollar jamaïquain.
Au cœur de l'archipel des Antilles, la Jamaïque fut
découverte dès 1494 et demeura colonie espagnole jusqu'au milieu du XVIIe
siècle. En 1655, une expédition maritime anglaise, envoyée par Cromwell pour
occuper Haïti échoua dans sa tentative et, se rabattant sur la Jamaïque, envahit
l'île. Cette dernière, sous pavillon britannique, connut alors une expansion
économique singulière : les indigènes Arawaks ayant été systématiquement
exterminés par les Hispaniques, la Couronne repeupla l'île avec des esclaves
noirs amenés d'Afrique. Parallèlement, eu égard à sa situation géographique, la
Jamaïque allait rapidement devenir un redoutable repaire de pirates, dont le
célèbre Morgan, qui organisa près de Kingston, un véritable royaume.
L'esclavage a été aboli depuis 1838, les derniers pirates
condamnés depuis plus d'un siècle. La Jamaïque, devenue Etat indépendant au sein
du Commonwealth le 6 août 1962, conserve de ce passé original et tumultueux un
ensemble démographique caractéristique : plus de 95% des habitants sont noirs ou
mulâtres. Mais les conditions économiques et sociales qui l'affectent ne
différencient guère l'île des Etats voisins sous-développés : l'importance du
taux de natalité, proche du taux théorique de fécondité, aggrave les conditions
de vie dans ce territoire qui, sur 11 000 km² environ, compte plus de 2 millions
d'habitants, dont le quart réside dans la capitale. Jusqu'à ces dernières
années, le problème démographique était largement résolu par une intense
émigration des jeunes Jamaïquains vers les principales villes du Royaume-Uni ou
des Etats-Unis. Cet exutoire à la surpopulation est désormais terriblement
réduit par les sévères mesures restrictives prises par Londres et Washington. De
nouvelles générations d'âge actif viennent donc grossir une masse de
sous-employés ou de chômeurs déguisés, de plus en plus considérable.
Une côte enchanteresse, où l'alizé
tempère un climat chaud et humide : la Jamaïque a une vocation touristique
évidente, que renforce la politique du gouvernement.
Pourtant, le potentiel économique jamaïquain est loin d'être
négligeable. Son sous-sol renferme par exemple les plus vastes réserves connues
de bauxite. Ses gisements miniers, dont l'exploitation est contrôlée par les
trois compagnies nord-américaines de la Kayser, l'Alcan et la Reynolds, la
placent au deuxième rang des producteurs, avec quelque 10 millions de tonnes par
an (le cinquième de la production mondiale). La Jamaïque est aussi grand
producteur et exportateur de sucre de canne (500 000 tonnes), de bananes et de
rhum, denrées essentiellement importées par les puissances industrielles
anglo-saxonnes.
Depuis deux décennies, l'île s'est aussi largement ouverte au
tourisme et le gouvernement de Kingston s'oriente vers un secteur touristique de
luxe, jouant la carte de l'exotisme et du climat, et qui devrait apporter de
fructueux bénéfices. Il est moins sûr toutefois, compte tenu de la structure
sociale et des conditions politiques du pays, que le partage de tels profits se
fasse de manière équitable et que l'éventail des revenus, aujourd'hui très
largement ouvert, ait quelque chance de se refermer dans un proche avenir. Près
des trois quarts de la population de la Jamaïque sont officiellement considérés,
pour l'instant, comme "misérables". Ce climat social ne laisse pas d'être
inquiétant pour une démocratie plus inquiétante que réelle.
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