Kenya

Superficie : 582 600 km²
Population : 15 000 000 habitants
Capitale : Nairobi (800 000 habitants)
Langues : anglais (officielle) et swahili, plus environ 40 dialectes
Religions : animiste 37%, protestante 37%, catholique 22%
Régime politique : république membre du Commonwealth
Unité monétaire : le shilling d'Afrique orientale.

    Comme la plupart des Etats africains modernes, le Kenya ne correspond à aucun Etat historique, mais résulte d'une politique coloniale qui regroupa arbitrairement, à l'intérieur de frontières artificielles, une mosaïque de populations d'origine et de culture différentes.
    Si la côte de l'océan Indien fut, dès l'Antiquité, fréquentée par des commerçants arabes qui trafiquaient l'ivoire, la carapace de tortue et la corne de rhinocéros, l'intérieur resta, jusqu'au XIXe siècle, sous l'autorité de tribus bantoues et n'était guère parcouru que par les marchands d'esclaves. Au Moyen-Age, Mombasa était déjà une ville prospère, grâce à l'exportation de son minerai de fer. Au XVIe siècle, les Portugais établirent leur domination sur la côte, pour une centaine d'années, puis les chefs arabes constituèrent une confédération de cités commerçant avec l'Arabie et l'Inde.
    Des enfants en pays masaï. Habituellement ils gardent le troupeau.
    C'est au XIXe siècle, sous la domination anglaise, que furent tracées les limites actuelles du Kenya, au gré d'une succession de traités visant à endiguer l'expansion allemande à l'est de l'Afrique. Le protectorat britannique de 1895 se mua en colonie du Kenya en 1920. Dès le début du XXe siècle, une importante émigration indienne vint en Afrique de l'Est contribuer au développement de cette région et fut à la source de nombreux problèmes qu'ont actuellement à résoudre certains Etats africains.
    Les années 1910 virent également une installation massive de colons britanniques sur les meilleures terres des hauts plateaux, qui furent confisquées aux Masaï et aux Kikuyu. La résistance s'organisa immédiatement, mais ne prit d'ampleur qu'à partir de 1925, lorsque Jomo Kenyatta prit la tête de la Kikuyu Central Organization. L'administration anglaise se refusant à tout fléchissement, le mouvement de revendication des populations kikuyu, spoliées de leurs terres, se transforma en véritable lutte armée en 1952.
    Le problème des Mau-Mau fut présenté par la propagande coloniale comme celui d'une bande d'assassins primitifs, Jomo Kenyatta fut emprisonné, l'état d'urgence proclamé sur tout le territoire, et des troupes appelées de la métropole. Quatre ans de guerre firent plusieurs dizaines de milliers de morts parmi les Africains. Jomo Kenyatta ne fut libéré qu'en 1961. Il devint président de la République à l'indépendance, le 12 décembre 1964.
    Nairobi, capitale du Kenya, construite sur un haut plateau à 1 675 m d'altitude, est une ville administrative mais aussi industrielle, qui regroupe cimenteries, brasseries, fabriques de tabac, et un centre de métallurgie de l'aluminium.
    Le territoire kényan présente une grande variété. Son relief est constitué par une succession de plaines et de plateaux étagés, séparés par des chaînes montagneuses et, au centre, par un fossé d'effondrement précambrien, la Rift Valley. La région septentrionale, aride et quasi désertique, continue le relief éthiopien et s'incline doucement vers la vaste plaine côtière que borde l'océan Indien. A l'ouest et au centre, s'élèvent de hautes montagnes et des massifs volcaniques, dominés par le mont Elgon, à la frontière ougandaise, et le mont Kenya (5 194 m).
    Le réseau hydrographique est constitué par des fleuves à régime torrentiel, arides durant la saison sèche, et sujets à de fortes crues lorsque surviennent les pluies. Seul, le Tana, qui coule dans la plaine occidentale depuis le massif du Kenya, est navigable. Au nord, s'étend le lac Rodolphe, et à l'ouest, le lac Victoria, qui marque la frontière avec l'Ouganda.
    Le climat tropical est en général torride : à Mombasa, sur la côte, la température moyenne annuelle est de 27°C. Le littoral est recouvert par endroits d'une forêt de mangroves et de palétuviers.
    Les plateaux et les plaines ont une végétation de steppe et de savane. On y a constitué de vastes réserves où affluent les touristes amateurs de safaris-photos et de sensations fortes. Avec l'altitude, le climat se tempère et la forêt montagneuse fait progressivement place aux prairies, puis aux mousses et aux lichens qui, plus haut, disparaissent sous la neige. Aux abords des lacs et le long des fleuves poussent les roseaux, les papyrus et les aracées.
    La répartition de la population est inégale : dans certaines zones comme le littoral de la région de Nairobi et les bords du lac Victoria, la densité avoisine 500 habitants au km². Son hétérogénéité, par ailleurs, a suscité de graves conflits. Les Africains se répartissent en quatre grands groupes : les Bantous, où dominent les Kikuyu, les Luo, les Luhya et les Kamba, généralement éleveurs et agriculteurs; les Nilotes; les Hamites; les Nilo-Hamitiques.
    On trouve en outre des Arabes, des Européens et l'importante communauté indo-pakistanaise, qui s'est établie au Kenya sous la domination anglaise. Venus comme soldats ou manœuvres pour la construction du chemin de fer de Mombasa au lac Victoria, ces immigrés accaparèrent progressivement le secteur commercial et achetèrent des terres, suscitant, après l'indépendance, une violente réaction xénophobe de la part des Africains. En 1967 et 1968, une série de lois sur le permis de travail et le commerce, visant à africaniser les circuits de distribution, provoqua un départ massif d'Asiatiques qui refusaient d'adopter la nationalité kenyane. Ceux qui choisirent de rester se sont mal intégrés à la population locale.
    Masaï en tenue traditionnelle de guerre; peuple autrefois redoutable, les Masaï formaient des sociétés guerrières dont le but était de s'approprier le bétail de leurs voisins. Les jeunes, organisés en compagnies territoriales, étaient astreints à une discipline sévère et durement entraînés. Ils habitent encore des camps spéciaux, les manyata, et méprisent les étrangers.
    La plupart des colons, de souche afrikaner ou anglaise, qui avaient accaparé les meilleures terres des "White Highlands", ont quitté le Kenya depuis l'indépendance. Le gouvernement s'est efforcé de racheter les terres et de les restituer aux Africains, mais environ 3 000 fermiers européens exploitent encore 25% des terres arables.
    Le gouvernement kényan s'efforce de les ménager, sachant que leur brusque départ aurait les conséquences les plus néfastes sur la production agricole et sur l'apport de capitaux étrangers dont le Kenya a besoin.
    Malgré la rareté des terres cultivables (3% de la superficie totale), l'agriculture reste le secteur vital de l'économie kényane. Parmi les produits de subsistance, seul le riz offre de bonnes perspectives de développement. Les cultures industrielles les plus importantes sont le café, le thé et le coton, ainsi que l'agave-sisal. Le Kenya exporte aussi la canne à sucre, le tabac et les fruits. L'élevage est très développé, mais le cheptel appartenant aux nomades reste assez peu exploitable, car il est périodiquement décimé par la sécheresse. Seul le troupeau bovin, élevé par les colons blancs, est productif : lait, beurre, fromage et viande sont mis en conserve et exportés.
    Les ressources minières ne semblent guère susceptibles d'un grand développement, à l'exception de la soude du lac Magadi. Aussi l'industrie s'oriente-t-elle surtout vers la transformation des produits agricoles. On trouve cependant, outre des tanneries, des raffineries de sucre et des filatures, quelques usines de matériaux de construction, des chaînes de montage d'automobiles (d'origine britannique) et une grande raffinerie de pétrole près de Mombasa.
    Le réseau routier comprend environ 41 000 km de routes, dont 4 000 km seulement sont asphaltées. La principale artère commerciale demeure le chemin de fer à voie unique construit au début du siècle par les Anglais, qui relie la région du lac Victoria à l'océan Indien.
    Les installations portuaires de Mombasa, la voie ferrée par laquelle transite l'essentiel du commerce extérieur de l'Ouganda et du Kenya, auraient besoin d'être modernisées. Le réseau aérien est en cours de développement, en raison de l'essor du tourisme; outre les aéroports de Mombasa et de Kisumu, celui de Embakasi, près de Nairobi, accueille les jets des plus importantes compagnies aériennes mondiales.

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