Madagascar
Superficie
: 592 000 km²
Population : 8 900 000 habitants
Capitale : Antananarivo (ex-Tananarive) (470 000 habitants)
Langues : malgache et français
Religion : animiste (57%); catholique (20%); protestante (18%)
Régime politique : république présidentielle
Unité monétaire : le franc malgache.
Les plus récentes études géologiques tendent à montrer
qu'à l'antécambrien, Madagascar faisait partie d'un ancien continent, le
Gondwana, qui incluait vraisemblablement l'Amérique du Sud, l'Australie,
l'Afrique australe, le Deccan et peut-être l'Antarctique. Le Gondwana aurait
commencé à se morceler au Secondaire; Madagascar serait devenue une île au
Tertiaire. Les premiers habitants ne vinrent s'y installer qu'à l'ère
chrétienne. Le premier peuplement était sans doute noir, mais au Xe
siècle, Madagascar fut envahie par des Indonésiens qui se mêlèrent aux
Africains.
L'histoire coloniale commence au XVIe siècle, avec
la reconnaissance des côtes par les Portugais : Madagascar occupe une position
stratégique importante sur la route des Indes. Par la suite, c'est la Compagnie
des Indes, fondée par Richelieu, qui y prend pied. L'île est réputée riche, mais
comme on n'y découvre ni or, ni diamants, la France s'en désintéresse. Au début
du XVIIe siècle, les tribus mérina s'installent sur les Hauts
Plateaux et fondent Tananarive. Dès lors, les Français se heurtent à un royaume
bien organisé et qui entend défendre son autonomie.
Au XIXe siècle, la reine Ranavalona Ire
expulse tous les Européens et ferme l'île aux influences extérieures. La France
réoccupe une partie du pays en 1883 et le protectorat sur le nord-ouest est
signé en 1885. En 1896, Madagascar devient une colonie française, dont Gallieni
est nommé gouverneur. Un an plus tard, celui-ci vient à bout de la résistance
que lui oppose la reine Ranavalona III que la France déporte en Algérie en même
temps qu'elle abolit la monarchie.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, des difficultés
économiques surgissent et le partie de l'indépendance obtient la majorité aux
élections de 1947. De violentes émeutes antifrançaises éclatent alors, et l'état
de siège est décrété. Il ne sera levé qu'en 1956 après une répression
impitoyable qui aura fait 80 000 morts.
Le 26 septembre 1960, Madagascar obtient son indépendance
totale. Mais le gouvernement despotique du président Philibert Tsiranana suscite
le mécontentement des Mérinas des Hauts Plateaux et des paysans du Sud. En 1972,
après de graves remous, le président Tsiranana fait appel au général
Ramanantsoa, à qui il doit céder le pouvoir en octobre. Celui-ci entreprend de
redéfinir l'orientation politico-économique : "malgachisation" de
l'enseignement, révision des accords de coopération avec la France, rénovation
de l'économie et expulsion des étrangers qui contrôlent les affaires du pays.
Implantée dans les Hautes Terres et
descendue de la lutte d'origine jusque dans la plaine, Antananarivo est la seule
ville importante de l'île.
Après une direction militaire qui s'empare du pouvoir en
1975, Didier Ratsiraka devient président de la deuxième République malgache :
les banques, les sociétés d'assurances et le sous-sol sont nationalisés.
S'étendant sur 1 580 km de long et 580 km de large,
Madagascar, d'une superficie un peu plus étendue que la France, est la troisième
île du monde. Séparée de l'Afrique par les quelque 400 km du canal de
Mozambique, elle est située dans la zone tropicale humide. Ses 5 000 km de côtes
présentent un aspect varié : à l'est, le relief s'incline doucement vers une
plaine littorale bordée de lagunes.
Le relief, assez dissymétrique, dans l'ensemble, est
constitué par un vaste plateau central, d'une altitude moyenne de 1 200 m, qui
se relève en massifs volcaniques au nord et au centre (Tsaranana 2 880 m;
Ankaratra 2 640 m), et granitiques au sud (Andingitra 2 670 m). De direction
nord-est/sud-ouest, ces massifs descendent en pente abrupte vers l'étroite bande
côtière orientale, et en pente douce, par une série de collines, vers la côte
occidentale.
La ligne de partage des eaux se situe près de la côte
orientale; les fleuves coulant vers l'océan Indien, de longueur médiocre,
connaissent un régime relativement constant, en raison de l'abondance des
pluies. Par contre, ceux qui se jettent dans le canal de Mozambique, traversant
les basses terres, se caractérisent par un débit irrégulier.
On distingue quatre zones climatiques. Les régions côtières
orientales, soumises à l'influence des alizés, subissent un climat tropical avec
des précipitations réparties sur toute l'année. Dans les basses terres
occidentales, les pluies sont apportées par la mousson d'été, l'hiver austral
correspondant à la saison sèche. Sur le plateau central, les températures sont
moins élevées et les pluies tombent de septembre à avril. Au sud, le climat
devient semi-désertique et les précipitations sont rares.
L'épaisse forêt qui couvrait autrefois l'île ne subsiste plus
qu'en certaines régions de la côte orientale et sur les sommets du plateau
central. Ailleurs, la végétation consiste en savane, faisant place, au sud, à
des espèces subdésertiques dont certaines sont spécifiques du territoire
malgache. La côte, le long du canal de Mozambique, est occupée par la mangrove.
La faune comprend des espèces particulières comme certains lémuriens (indri,
maki et aye-aye).
La composition du premier peuplement de Madagascar demeure
sujette à controverses. La population actuelle résulte en tout cas d'un
croisement d'Africains et d'Indonésiens. Les Malgaches se divisent en trois
types principaux : Mérina, au type asiatique marqué, Antaimoro ou Bara, proche
du type africain et enfin un type mêlé, le Betsiléo.
Le fond culturel a été également marqué par la double
influence de l'Afrique et de l'Indonésie : on notera d'une part l'importance
accordée au bétail, considéré comme un capital de prestige, les caractéristiques
rythmiques de la musique et de la danse, la croyance en la sorcellerie, et
d'autre part le culte des ancêtres toujours vivace, une attitude policée et
impassible. Les traditions agricoles se sont mélangées semblablement : la
rizière irriguée à l'indonésienne voisine avec la culture africaine du mil et du
sorgho. Enfin les dialectes malgaches véhiculent des mots bantous et arabes sur
un support malayo-polynésien.
A partir d'une population de provenance très variable,
s'est forgée une civilisation originale qui garde encore, au XXe
siècle, beaucoup de ses traditions. Ici, une pirogue - près de quarante rameurs
- un jour de fête, retient l'attention de multiples badauds.
Les Mérinas et les Betsiléos sont installés sur les plateaux.
Le groupe dominant des Betsimisarakas, défricheurs de forêt, occupe surtout la
côte orientale; on décèle un apport arabe dans les ethnies du Sud-Est.
Dans son ensemble, la population est inégalement répartie et
plus de 60% se concentre sur un cinquième de l'île, dans les hautes terres,
autour d'Antananarivo et de Fianarantsoa, villes de marchés agricoles
transformant éventuellement certains produits de la terre. L'industrie, pour sa
part, est localisée dans les ports tels que Tamatave, qui possède une raffinerie
de pétrole couvrant les besoins du pays, Majunga et Tuléar.
L'essentiel de l'économie malgache est constitué par le
secteur agricole où travaillent 80% de la population. La base de l'alimentation
est constituée par le riz qui occupe un tiers des surfaces cultivables. On
trouve comme autres céréales des cultures sèches, sorgho et manioc, destinés
surtout à l'alimentation du bétail. Le café, la canne à sucre dans le
Nord-Ouest, la vanille dont Madagascar est le premier producteur mondial, le
cacao et le tabac sont les principales cultures industrielles.
Madagascar exporte aussi des fruits, des épices et des
plantes à parfum ainsi que des fibres végétales comme le sisal et le raphia.
L'apport de l'industrie dans le produit national brut est
limité à environ 10% : l'essor est entravé par le manque de ressources
énergétiques et la médiocrité du réseau de communications. Le secteur
alimentaire se taille la part du lion (huileries, rizeries, brasseries,
conserveries), suivi par le textile et les cuirs. La métallurgie et l'industrie
chimique demeurent encore à l'état embryonnaire. Les gisements de minerais sont
nombreux mais peu importants; on trouve du graphite, du mica, de l'uranium
(uranothorite), des pierres précieuses et industrielles comme le béryl et le
quartz.
Dans ces conditions, le commerce extérieur est largement
déficitaire, ce qui a contribué à la chute du président Tsiranana. Pour freiner
l'agitation sociale, le gouvernement a entrepris une politique d'aménagement du
territoire, rationalisant l'économie, organisant société d'économies mixtes et
fermes étatisées. L'écoulement de la production a été également pris en main par
des institutions publiques, mais il est encore trop tôt pour pouvoir apprécier
justement les résultats de ces efforts. Le développement du tourisme pourra
aussi contribuer à rééquilibrer la balance des comptes malgaches, encore
extrêmement fragile puisqu'elle repose sur l'exportation de produits
alimentaires et de matières premières dont les cours sur le marché mondial sont
très faibles.
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