Pakistan
Superficie
: 803 940 km²
Population : 7 454 000 habitants
Capitale : Islamabad (77 000 habitants)
Régime politique : république islamique. Depuis 1979, la loi coranique est
devenue la loi suprême
Langues : anglais et ourdou
Unité monétaire : la roupie pakistanaise.
Réduit à sa portion occidentale depuis la sanglante sécession
du Bangladesh, formé le 26 mars 1971, le Pakistan est désormais uniquement axé
sur la vallée de l'Indus, adossé à l'ouest sur les remparts baloutches, si
souvent percés par d'ancestrales invasions.
Né en 1947 de l'indépendance de l'Inde, pourvu d'une
Constitution le 23 mars 1956, les "pays des purs" (pak en ourdou
signifie pur) doit son existence à l'Islam, qui pénétra au VIIIe
siècle en pays Sind, et s'affirma au Pendjab, au XIe siècle. Ce jeune
Etat hérite d'une longue tradition : dès le IIIe millénaire une
civilisation urbaine se développait le long de l'Indus, entretenant des
relations commerciales avec la Mésopotamie. Là, les ruines de Mohenjo-Daro
attestent le confort - salles de bains, canalisations - dont jouissaient les
bourgeois, aux demeures alignées le long des rues perpendiculaires.
Une route de la région montagneuse et
aride du Béloutchistan qui constitue, à l'ouest de l'Indus, plus d'un tiers de
la superficie du Pakistan. Le Béloutchistan est partagé entre ce pays et l'Iran.
Annexé par les Perses de Darius, ce pays, toujours à la merci
des invasions turco-afghanes (aux IIe et IIIe siècles les
Kushana y établirent leur capitale), fut à l'origine de l'Empire mogol. Celui-ci
régna sur l'ensemble du monde indien, du XIVe siècle au XIXe
siècle; il résista même aux Britanniques jusqu'en 1839, grâce à Ranjit Singh et
à ses guerriers sikhs. Ce particularisme s'explique en partie par la
configuration de l'aride Pendjab oriental, relié seulement à l'Inde par un
couloir, au pied de l'Himalaya, véritable goulet s'achevant à Sirhind ("tête de
l'Inde").
L'ouest du Pakistan, peuplé de Pathans au nord, et de
Baloutches au sud, forme un pont entre l'Himalaya et l'Afghanistan. Au
nord-ouest s'élèvent les 7 000 m de l'Hindou Kouch, et la rivière de Kaboul
s'écoule au sein d'une structure himalayenne aérée par des bassins, tel celui de
Peshawar, s'épanouissant au débouché de la passe de Khaybar, grande et célèbre
voie d'invasion de l'Inde. Au sud-ouest, les chaînes baloutches se rejoignent à
Quetta, sur la route de Kandahar, et s'achèvent en éventail vers les confins
arides de l'Iran et de l'Afghanistan.
Soumises à un régime de précipitations de type méditerranéen,
ces provinces - grâce au barrage de Warzak et aux karez, sortes de
foggaras afghanes -, associent une agriculture d'irrigation (blé et millet
cultivés sous les arbres fruitiers), à l'élevage semi-nomade de chèvres et de
moutons. Ceux-ci hivernent sur les marges des plaines de l'Indus. Le malik
au nord-ouest, au Baloutchistan le sadar, qui est un chef héréditaire,
tiennent le haut de la pyramide d'une société tribale hiérarchisée, tandis que
des groupes itinérants - les powindah - cherchent dans les plaines un
travail hivernal.
A cette marche frontière, léguée par l'impérialisme
britannique, se juxtapose, à l'est, le couloir caillouteux, sableux, parfois
limoneux du Pendjab et du Sindh, où viennent mourir les derniers souffles d'une
mousson, épuisée par sa traversée du subcontinent indien. Faibles au nord (400
mm par an), les précipitations sont indigentes sur le delta de l'Indus (200 mm),
alors que la chaleur dépasse fréquemment 45°C à Jacobabad, exacerbant
l'évaporation. Hyderabad prend des allures fantastiques avec les ventilateurs
des maisons installés comme des antennes de télévision...
La partie ancienne de Lahore (2 160 000 habitants). Ornée
de riches monuments, de mosquées et de jardins, cette ville est le centre
culturel et religieux du Pakistan, dont les Musulmans constituent 97% de la
population.
La fortune est venue des colonisateurs : au "pays des cinq
fleuves" coulent l'Indus, la Jehlum, la Chenab, la Ravi et la Sutlej, que les
Britanniques relièrent, après 1860, par des canaux de jonction. Des retenues
d'eau, construites en amont, assurent une irrigation pérenne. Dès lors, le
Pendjab fit succéder aux cultures rabi (l'hiver) de blé et de gram (une
légumineuse nourrissante), les cultures kharif (l'été) de riz, de millet, de
maïs, de canne à sucre et de coton.
A une population clairsemée au XIXe siècle (7
habitants au km²) a succédé une dense démocratie agraire (300 habitants au km²),
amoindrie cependant par l'ancien système de castes, où les paysans sans terre,
les artisans et même les religieux se trouvent sous la dépendance économique des
propriétaires terriens, les zamindars, lesquels sont souvent à la tête
d'une dizaine d'hectares. Des travaux récents permettent, grâce au barrage de
Jinnah, d'irriguer un nouveau doâb (interfleuve) entre la Jhelum et
l'Indus. Le Sind, avec les barrages de Sukkur - il permet à lui seul d'irriguer
2 millions d'ha - de Gudu ou de Mohamad, associe le coton et le millet, au sein
des grandes propriétés dirigées par des Baloutches, descendants des anciens
maîtres du pays.
Ainsi est née la plus grande oasis du monde, confirmant la
prééminence urbaine du Pendjab, où Lahore, chargée d'histoire et de culture -
son université en témoigne - voisine avec la nouvelle capitale Islamabad.
Karachi, avec une agglomération de 3,5 millions d'habitants, est le poumon
économique du pays. Développant son industrie aux dépens de l'ancien Pakistan
oriental, le pays, qui s'est doté de nombreuses filatures de coton, assure
l'approvisionnement énergétique de ses villes grâce au pétrole et, surtout, au
gaz naturel de Sui. Pourtant, l'industrialisation ne saurait ignorer l'aide
étrangère : la Chine a créé un complexe d'industries lourdes à Taxila; le Canada
et la Belgique ont financé la construction de deux centrales nucléaires à
Karachi et à Ruppur. Le Pakistan bénéficie également de l'aide des pays de
l'O.P.E.P. (exportation de main-d'œuvre) et de l'O.C.D.E.
Après la sécession du Bangladesh, le Manifeste de 1970
affirma l'orientation du pays vers le socialisme. Afin de supprimer l'opposition
entre la démocratie septentrionale et l'oligarchie méridionale, la réforme
agraire a limité les exploitations à 20 ou 60 ha, selon les régions.
Terre d'invasion à demi tournée vers le Moyen-Orient, le
Pakistan, qui a affirmé, depuis des millénaires, son individualité, reste
tributaire de l'Indus : la prospérité de son oasis est suspendue à la bonne
volonté de New Delhi et du Cachemire !
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