Taiwan
Superficie
: 35 960 km²
Population : 17 000 000 habitants
Capitale : Tai Pei (2 200 000 habitants)
Langue : chinois
Religions : bouddhisme, confucianisme, taoïsme
Régime politique : république
Unité monétaire : la dollar.
Les Portugais l'avaient appelée "la Belle" : Formose; par ses
crêtes embrumées, sa côte orientale abrupte, ses camphriers et sa mangrove,
cette île de l'océan Pacifique, séparée de la Chine continentale par un détroit
de 130 km de large, mérite son surnom. Refuge du Kouo-Min-Tang après la
révolution chinoise de 1949, Taiwan resta, jusqu'en 1971, l'une des pièces
maîtresses de la géopolitique des Etats-Unis en Extrême-Orient.
A Formose, coutumes et modernisme font
bon ménage. Ces jeunes filles, parées de costumes traditionnels, ne semblent
guère impressionnées par la dernière née des Yamaha, motos importées du Japon,
pays ami et voisin.
Les 2/3 des 35 960 km² de Taiwan sont montagneux; si les
plaines alluviales couvrent l'ouest de l'île, l'est comporte 3 chaînes de
montagnes, culminant à 3 950 m au Yushan. Les séismes restent fréquents, qui
déterminent parfois quel typhon dévastateur, comme celui du 25 septembre 1965.
Jusqu'à 1 800 m d'altitude, la forêt ombrophile et les bambous couvrent la
majeure partie de cette île, traversée par le tropique du Cancer. La mousson du
sud-ouest y déverse ses précipitations estivales, tandis que les alizés
hivernaux du nord-est apportent une humidité acquise sur le détroit de Formose.
Les occupants primitifs de Taiwan seraient des pro-Malais,
dont quelques tribus subsistent dans les massifs orientaux, et cela grâce à une
agriculture itinérante. Ils s'étaient réfugiés là lors de l'occupation, fort
ancienne, des plaines occidentales par des aventuriers et des commerçants
chinois, parfois enclins à la piraterie. Au XVIIe siècle, les
Hollandais s'implantèrent à Taiwan, encouragèrent l'immigration de paysans
chinois; puis, ils furent chassés de l'île par Zheng Cheng-gong et ses hommes.
Ceux-ci, hostiles aux Mandchous, devenus maîtres de l'Empire du Milieu, étaient
à la fois des pirates, des commerçants et des dissidents politiques. Jusqu'en
1683, les immigrants affluèrent, développant la riziculture, couvrant les basses
pentes de théiers, exploitant les forêts de camphriers.
Devenue province à part entière, Formose s'équipa, au XIXe
siècle, sous l'impulsion du gouverneur Lin Mingchuan : les premiers chemins de
fer apparurent, furent extraits l'or et le charbon, le port de Ki-Long s'équipa
et Tai Pei, capitale provinciale, s'embellit. Mais, face à l'impérialisme
nippon, Taiwan était sans défense : l'île fut rattachée à l'empire du Soleil
Levant, de 1895 à 1945. Taiwan ne fut alors qu'une colonie d'exploitation pour
les besoins japonais : la canne à sucre couvrit une grande partie de la plaine
occidentale, tandis que les théiers, qui concurrençaient l'arboriculture
nippone, déclinaient.
Restituée à la Chine en août 1945, Taiwan devint à nouveau
une terre de refuge pour les nationalistes du Kouo-Min-Tang en fuite devant le
régime maoïste. Elle obtint même un siège à l'O.N.U., qu'elle garda jusqu'en
1971 ! Aujourd'hui, ces fils spirituels de Sun Yat-Sen prétendent définir le
seul pouvoir légal de Chine.
Longue de 400 km, et ne dépassant pas 125 km dans sa plus
grande largeur, Taiwan est une île consacrée à des cultures d'exportation comme
la canne à sucre, le thé, la banane, l'ananas, et, pour la consommation
intérieure, à la culture du riz, du blé, de la patate douce, ainsi qu'à la pêche
: 312 000 tonnes de poisson par an.
La population et l'économie de Taiwan portent les cicatrices
de l'histoire : sur 17 millions d'habitants on compte 13,5 millions d'immigrés;
toutefois 90% d'entre eux sont issus des migrations qui s'échelonnèrent du XVIIe
siècle au XIXe siècle. Héritage de l'impérialisme, la canne à sucre
est passée aux mains de la Taiwan Sugar Corporation. Le climat tropical et
l'irrigation - de nouveaux barrages ont été construits à Shimen et Tachen -
permettent une double, voire une triple récolte, d'autant plus utile que
l'agriculture ne peut couvrir que le quart de la surface de l'île.
Grâce aux capitaux américains et aux marchés japonais,
l'industrie de Taiwan a pu se développer, utilisant l'énergie hydroélectrique
plus que le charbon du nord-est de l'île. Outre les sucreries, filatures et
tissages de coton, usines d'engrais et cimenteries emploient l'essentiel de la
main-d'œuvre. Bon marché, celle-ci se voit offrir, comme à Hong Kong, par des
firmes à la recherche d'un moindre coût de production, de nouveaux débouchés
dans l'électronique et le travail des matières plastiques. Ainsi fut créée, à
Kao-Hiong, une zone industrielle destinée à recevoir ces nouvelles entreprises.
Par-delà le détroit de Formose, la Chine populaire peut lire
son histoire : le taoïsme et Sun Yat-Sen sont vénérés à 130 km de Fujian; elle
peut aussi observer le développement "à l'américaine" d'une Chine nationaliste,
qui a renoncé à retrouver ses racines continentales.
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