Ukraine
L'état et la propreté de ces fermes attestent la prospérité de l'Ukraine dans le
domaine agricole : sur les bonnes terres de tchernoziom, le rendement en blé
atteint 40 quintaux à l'hectare.
Au sud de la Russie d'Europe, à l'est des Carpates, de la
Russie Blanche à la mer Noire, s'étend l'immense plaine d'Ukraine, domaine d'une
steppe que parcourent encore quelques troupeaux de buffles. Parmi les quinze
Républiques soviétiques, l'Ukraine se place au troisième rang par la superficie
(603 700 km²) et au deuxième rang par le chiffre de la population - près de 50
millions d'habitants.
Cette vaste région, plate, monotone, n'est pas sans rappeler
les grandes plaines centrales des Etats-Unis. Traversée par le cours lent et
majestueux du Dniepr, elle doit à l'extrême fertilité du sol (tchernoziom) et à
une mécanisation intensive sa réputation de grenier à blé de l'U.R.S.S. (150
millions de quintaux par an, soit le quart de la production nationale). Elle
produits également le tiers des fruits, le quart du raisin produits en U.R.S.S.
Mais c'est aussi la plus puissante base de l'industrie lourde
de l'U.R.S.S. : les complexes industriels du Donbass et de Donetsk (850 000
habitants) se sont développés sur de riches gisements de houille et de fer
exploités à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle. Fournissant
la moitié du minerai de fer soviétique, ces complexes assurent 40% de la
production d'acier et de 30% de celle en charbon.
Le paysage reflète l'emprise de l'économie : la plaine est
sillonnée par d'énormes moissonneuses-batteuses; à l'horizon se dressent les
silhouettes des hauts fourneaux et des centrales thermiques; les vieilles cités
historiques comme Kiev (1 700 000 habitants) ou Kharkov (1 300 000 habitants)
s'entourent de banlieues industrielles; les ports de la mer Noire (Odessa,
notamment, avec ses 900 000 habitants) sont le foyer d'un commerce international
intense.
Pourtant, l'Ukraine préserve ses traditions rurales et les
petits villages aux maisons de briques peintes en blanc ou en bleu pâle, avec
leurs toits de chaume et leurs petits jardins où fleurissent les tournesols ne
sont pas un des moindres charmes du pays. La Crimée est, à cet égard, une région
privilégiée : le climat méditerranéen en fait une véritable Riviera
ensoleillée et verdoyante; Sébastopol et Yalta sont des lieux de villégiature
très appréciés.
L'Ukraine dans le temps
L'Ukraine exerça longtemps sur les populations scandinaves un
attrait irrésistible. Cette situation remonte au IXe siècle. Le
Suédois Askold s'implante à Kiev vers 860. Puis un Varègue, Rurik Ier,
celui que l'on nommait à l'époque le fiel de la chrétienté, s'établit à
Novgorod, fonde la longue lignée des Rurikides, qui jettent bientôt leur dévolu
sur Kiev, et chassent Askold.
L'aube du Xe siècle n'est pas encore levée, que
Oleg le Sage, petit-fils de Rurik Ier, devient prince de Kiev. Il en
fait la capitale d'un grand-duché. Le Varègue maintient la tradition de bravoure
de ses ancêtres, marche sur Byzance avec 80 000 hommes, et l'envahit. C'est sous
le règne d'Igor (912-945) que le christianisme pénétrera dans la "mère des
villes russes", et l'épouse d'Igor, la reine Olga, se fera baptiser à
Constantinople.
Descendons le cours du temps : au XVIIIe siècle,
le roi de Suède, Charles XII, pénètre en Russie. Inquiet des intentions de
Pierre le Grand en Pologne et dans les provinces baltes, il avance à la tête de
20 000 hommes. Le Tsar riposte en faisant tout brûler avant son passage.
Affaiblie par la disette, l'armée suédoise se rabat en Ukraine, région réputée
riche.
Pour tenter d'assurer son ravitaillement, le dernier des
Varègues met pendant trois mois le siège devant Poltava (1709). Malgré
l'aide que lui apporte Mazeppa, chef des Cosaques en rébellion contre le Tsar,
il ne peut résister aux troupes de Pierre le Grand, venues à la rescousse de la
place forte. Jusque-là invincible, l'armée suédoise est vaincue. Charles XII
gagne la Turquie, où il sera fait prisonnier.
Le folklore ukrainien se souvient des anciennes invasions
mongoles des XIIIe et XIVe siècles, suivies de la
colonisation polonaise qui subsiste jusqu'au XVIIIe siècle, malgré
les révoltes des fiers cavaliers Cosaques. C'est Catherine II qui, en 1793,
annexe l'ensemble de l'Ukraine lors du deuxième partage de la Pologne. En dépit
de la résistance des Petits-Russiens à la russification, et après de vaines
tentatives de séparatisme, l'Ukraine devient en 1922 l'une des quatre premières
Républiques soviétiques.
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