Varsovie

   

    La place du Nouveau Marché à Varsovie, avec, au fond, l'église Saint Casimir reconstruite selon les plans de 1788. A la fin de la guerre il ne restait que ruines de la capitale polonaise. Quatre ans plus tard, en 1949, la ville était entièrement reconstituée, comme par miracle, identique à ce qu'elle était, dix ans plus tôt.
    La capitale de la Pologne, surnommée la "ville de la sirène" à cause de son emblème, s'étend sur les rives de la Vistule et occupe, dans la grande plaine centrale, une position de carrefour. Située au cœur d'une région marécageuse autrefois souvent inondée, la cité a été fondée sur une terrasse qui domine le fleuve, orienté Nord-Sud, d'une cinquantaine de mètres.
    A l'origine petit village appelé Stare Miasto - nom que porte encore aujourd'hui la vieille ville - Varsovie n'a pris de l'importance qu'au XVIe siècle, quand, incorporée au royaume de Pologne, elle fut choisie comme lieu de résidence royale par Sigismond III. Devenue un grand centre de commerce, elle subit toute une série de désastres du XVIIe siècle au XXe siècle. Dévastée pendant la guerre de Trente Ans, occupée à deux reprises par les Suédois (1656-1702), enjeu des rivalités entre Russes, Polonais et Saxons, elle est rattachée à la Prusse au XVIIe siècle, mais bientôt reprise par les Russes à l'époque napoléonienne. Pour faire place à des constructions militaires, ceux-ci n'hésitent pas à raser plusieurs palais et les vieux quartiers, mais ils favorisent par ailleurs le développement économique de la ville. La population est passée de 30 000 habitants en 1764 à 223 000 un siècle plus tard, atteignant le chiffre de 843 000 en 1913.
    Après la guerre, Varsovie devient la capitale de la nouvelle République polonaise et connaît une brève période de paix et de prospérité qui s'achève en septembre 1939 avec l'entrée des troupes hitlériennes. Commence alors une des époques les plus douloureuses et les plus tourmentées de son histoire. Bombardée par les Allemands dès les premiers jours de septembre, la ville capitule après un mois de résistance. Les Juifs, isolés dans le ghetto, sont envoyés dans les camps de concentration, notamment à Treblinka; on chiffre le nombre des déportés à 500 000. Ceux qui restent se soulèvent en 1943, mais la révolte du ghetto est écrasée dans le sang : la population juive est exterminée le 16 mai 1943. Le 1er août 1944 débute une nouvelle insurrection qui durera deux mois. Elle se solde par 200 000 morts et 350 000 déportés.
    Le 17 janvier 1945, Varsovie est enfin libérée par l'armée soviétique, mais il ne reste que des ruines : détruite à 87%, elle ne compte plus que 150 000 habitants (contre 1 180 000 dans les années 1930) dont à peine 200 Juifs ! Dès la fin de la guerre, la reconstruction est entreprise méthodiquement. En 1952, on recense déjà 800 000 habitants; il y en a aujourd'hui plus de 1 300 000.
    La vieille ville offre aujourd'hui l'exemple d'une reconstitution historique unique en son genre, et exceptionnellement réussie. Pour les architectes, se pose le problème de la reconstitution détaillée de chaque quartier, avec son style, son agencement particulier. On a fait appel aux photographies et même, en certains cas, à des estampes de Canaletto qui remontaient au XVIIIe siècle. La place du Vieux Marché avec ses maisons étroites aux façades peintes, les églises baroques, les remparts avec leurs douves, où se tiennent aujourd'hui des expositions de peinture en plein air, ont été fidèlement reconstruits et il ne reste plus trace des événements tragiques de la guerre, si ce n'est dans le cœur des Polonais.
    Des quartiers modernes, résidentiels ou industriels, se sont greffés à la périphérie. Des essais d'urbanisation nouvelle ont été tentés par la création de banlieues "champêtres" où les dimensions réduites des immeubles, les espaces verts et les équipements de loisirs créent un milieu humain et vivant.
    Centre commercial très animé, Varsovie est aussi amplement équipée au point de vue industriel : usines de construction automobile, de matériel électrique, industries textiles... A ses fonctions politique, administrative, économique, elle ajoute ses activités intellectuelles et artistiques. Dotée d'une université depuis 1818, réputée pour son académie de Médecine et celle de Sciences, elle est véritablement le centre culturel de la Pologne.