Dynastie des Plantagenêts
La dynastie des Plantagenêts, d'origine française,
succéda aux rois normands issus de Guillaume le Conquérant et régna en
Angleterre du XIIIe au XVe siècle. Les Plantagenêts tirent
leur nom du brin de genêt (dérivé du latin genista) qui figure sur
leurs armoiries. Ils semblent remonter, d'après de très anciennes généalogies
médiévales semi-authentiques, au IXe siècle. Bien des membres de
cette illustre famille se distinguèrent par leur intelligence, leur courage
assorti de brutalité, et leur amour immodéré des femmes; les rois Plantagenêts
furent fidèles à cette tradition.
Après les luttes dynastiques qui suivirent la mort de Henri Ier
(1135), le trône d'Angleterre revient à Henri II (roi de 1154 à 1189),
petit-fils du défunt par sa mère, la comtesse Mathilde, et fils du grand
seigneur français Geoffroy Plantagenêt, comte d'Anjou. Le roi d'Angleterre, se
trouve maître par héritage, et par son astucieux mariage avec la bouillante
Eléonore d'Aquitaine, épouse répudiée de Louis VII, de tout l'ouest de la
France; c'est un redoutable vassal du roi de France.
Pourtant le danger n'est pas si menaçant qu'on pourrait le
croire. En effet, ou bien les rois d'Angleterre, tentés par leurs possessions
françaises, délaissent leurs sujets anglais, ou repliés sur leur île, ils
lâchent prise sur le continent. Henri II fit face énergiquement à ce dilemme.
Souvent absent, il sut néanmoins utiliser les structures administratives de
l'époque saxonne pour renforcer le pouvoir monarchique en Angleterre. Il lutta
vivement contre les privilèges baronniaux ou ecclésiastiques, n'hésitant pas à
faire assassiner un irréductible, l'archevêque de Cantorbéry, Thomas Becket,
dans sa cathédrale.
L'aîné de ses fils, Richard, lui succéda en 1189. Devenu
Richard Ier et surnommé "Cœur de Lion", il fut représenté dans la
littérature courtoise comme le chevalier idéal. Il s'illustra par son
enthousiaste participation à la troisième croisade, au retour de laquelle il fut
traîtreusement fait prisonnier. Il fortifia solidement ses positions en France,
en faisant construire une des plus belles forteresses du temps,
Château-Gaillard, qui commandait la vallée de la Seine. Il fut enterré en 1199
aux côtés de son père en l'abbaye de Fontevrault (Maine-et-Loire).
Ces deux souverains furent les plus puissants de leur époque.
Les premiers, ils bénéficièrent précocement des organes centraux et locaux qui
leur permirent d'exercer réellement le pouvoir monarchique, et du service
militaire obligatoire de leurs sujets (ordonnance de 1181, dite "Assise des
Armes"). Enfin, leur cour fut une des plus brillantes de l'Europe occidentale et
leur règne un des plus prospères de l'Angleterre médiévale.
Jean sans Terre (1199-1216) succède à son frère Richard. Sa
défaite militaire en France (Bouvines, 1214) lui fait perdre la plus grande
partie des possessions continentales léguées par ses prédécesseurs. En
Angleterre, il doit céder à la pression des barons, soutenus par l'Eglise.
Ceux-ci lui arrachent la "Grande Charte" (1215), premier document
constitutionnel anglais, confirmé par les "Provisions d'Oxford" accordées en
1258 par Henri III (1226-1272). Ces textes établissent les bases durales d'une
monarchie limitée par les pouvoirs des grands, désormais réunis en Parlement.
Le roi Edouard Ier (1272-1307), premier souverain
de nom anglais depuis la conquête, sut tirer habilement parti de cette
collaboration de la nation et du roi. Il se soucia de l'unité anglaise et annexa
le pays de Galles.
Après le règne du faible Edouard II (1307-1327), Edouard III
(1327-1377) reprend à son compte les ambitions continentales des premiers
Plantagenêts. Sous son règne se déclenche le long conflit dynastique, féodal et
national, appelé guerre de Cent Ans (1337-1453). Des mariages avec des
princesses françaises renforcent les prétentions anglaises au trône de France,
satisfaites au traité de Troyes (1420).
Mais durant cette période, le sentiment national se renforce
en Angleterre. Le dialecte anglo-normand est progressivement abandonné au profit
de l'anglais. Le dernier des Plantagenêts en ligne directe, Richard II
(1377-1399), est déposé à cause de son despotisme, mais aussi à cause de sa
francophilie.
A la fin du XVe siècle, au terme d'une guerre
civile durant laquelle deux branches collatérales des Plantagenêts
s'affrontèrent, c'est une dynastie d'origine anglaise, les Tudors, qui
recueillit l'héritage politique original des Plantagenêts.
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