Janissaires

     Gardiens du trône et défenseurs de l'empire turc, les janissaires ont été pendant plusieurs siècles le terreur des peuples d'Europe et un grave danger pour les sultans eux-mêmes.
    En signe de bénédiction, un pieux derviche donna un jour l'accolade à un janissaire, laissant sa manche bouffante sur l'épaule du guerrier. Voyant là un présage heureux, les janissaires ajoutèrent à leur coiffure un morceau d'étoffe taillé en forme de manche, flottant derrière la tête.
    Corps d'infanterie régulière de l'empire turc, dont le nom vient de geni ceri (nouvelle troupe), les janissaires furent créés en 1329 par le sultan Orhan qui préparait l'invasion de l'Europe. Ils furent recrutés tout d'abord parmi les jeunes chrétiens les plus vigoureux faits prisonniers ou dans les communautés soumises à l'empire. Instruits dans la religion islamique, ils étaient transformés en défenseurs fanatiques de l'Islam.
    Dépendant directement du sultan, ils avaient pour emblème une marmite, symbole de l'abondance de la nourriture qui leur était fournie, tandis que les officiers portaient des noms tels que "maître de la grande soupière", "maître queux", etc. Ils étaient divisés en 229 compagnies et jouissaient de privilèges exceptionnels.
    Artisans de magnifiques victoires comme celles de Varna et de Cassovie, ils furent l'instrument de l'avance turque jusqu'à Vienne. Vers la fin du XVIIe siècle, les Turcs y entrèrent aussi, mais le corps devenu trop puissant en nombre, se transforma en une garde prétorienne turbulente, dangereuse par son insubordination, faisant et déposant à son gré les sultans, et résistant opiniâtrement à toutes les tentatives de réforme. Ce n'était plus, sous Mahmut II, au XIXe siècle, qu'une armée de mercenaires cupides et sans scrupules.
    Au nombre de 6 000 à l'origine, ils étaient plus de 100 000 au XIXe siècle. Aussi, profitant d'une série de défaites subies par les janissaires dans les Balkans et d'une insurrection, Mahmut II prononça leur dissolution en 1826.