Louis 18 le Désiré
Fils
du dauphin Louis (fils de Louis XV) et de Marie-Josèphe de Saxe, frère de Louis
XVI et de Charles X, Louis XVIII est roi de France de 1814 à 1824. Au moment de
la Restauration, Louis XVIII a 58 ans. Le Versailles de la fin de l'Ancien
Régime et l'exil ont marqué sa personnalité. C'est un homme du 18e
siècle par le ton, l'humour, les manières, le scepticisme religieux. Toujours il
voudra vivre dans un cercle délicat, raffiné : il paraît dans le siècle nouveau,
quelque peu surannée. Il est enjoué, sait trouver ce qu'il faut dire, ravit les
simples par sa bienveillance paternelle et sa conversation. En même temps l'art
de la vie en société, la vie de salon lui ont transmis leur sécheresse, leur
égoïsme, leur artifice. Il émigre en 1791 en même temps que sa femme,
Marie-Josèphine de Savoie, après avoir affiché une certaine opposition à la cour
et de l'indulgence pour les débuts de la Révolution. Au cours d'un exil où il
mène une vie errante d'un asile à l'autre, de Vérone à Mitau en Courlande ou à
Hartwell, en Grande-Bretagne, il maintient la continuité de la monarchie. Il
prend le titre de roi en 1795, à la mort de Louis XVII au Temple . Apprenant la
patience, il garde dignité et sang-froid dans les situations où il est le plus
éloigné de tout retour. Cette force qui ne se dément à aucun moment, vient de sa
foi dans le droit divin des rois et dans la primauté de sa race. Quand
l'impossible se produit, il n'a aucun effort à faire pour entrer dans un nouveau
rôle. Il n'a jamais de cesser de régner en esprit depuis la mort de son frère et
de son neveu. Oui, Louis XVIII, obèse, podagre, " ni monarque de cheval, ni
monarque d'épée ", tout isolé, mortifié par les puissances, ignoré de son peuple
qu’il est, est d’abord roi. Il en a la majesté, la conscience, le comportement
naturel. Il sait maintenir les distances et le rang. Par éducation, par
tradition, par la vie même qu’il a eue, Louis XVIII n’éprouve que répulsion pour
le monde nouveau dans lequel il est désormais condamné à vivre. Spontanément
c’est vers l’ancien Régime qu’il est attiré. Il pense au sacre de Reims. Il a la
nostalgie du cérémonial et de l’étiquette du passé qu’il entend rétablir, il
voudrait revenir intégralement à la monarchie de 1789. Mais c’est là qu’apparaît
le Louis XVIII qui joue un rôle politique et compte dans l’histoire, le roi est
un homme de mesure et de raison, un sage. La prudence doit lui rallier la
bourgeoisie, tous ceux qui désirent la stabilité propice aux affaires et le
peuple, las de la guerre. Dès la première Restauration, il comprend qu’il faut
contenir la furie des royalistes. Après la deuxième Restauration, conscient de
la précarité de son trône, il travaille à la conciliation, au compromis, à
l’accommodement entre les deux France qu’il ne veut pas voir se déchirer. Sa
finesse lui fait bien saisir que des excès de la part des siens ferait chasser
la dynastie car les Français ne peuvent accepter un retour au passé. Son amour
de la tranquillité lui fait souhaiter de mourir sur le trône et pour cela
d’éviter de nouveaux bouleversements qui l’exposeraient encore à un exil errant.
Il écarte donc les extrêmes pour choisir un régime de liberté tempérée. Ainsi,
si Louis XVIII, qui parait aux yeux de beaucoup, un intrigant, corrupteur et
perfide, fourbe, dissimulé, hautain et précieux à la fois, peu enclin aux
pensées généreuses, infidèle en amitié, infidèle aussi à la parole donnée,
n’emporte guère la sympathie, il a su succéder à Napoléon, représenter dignement
son pays, face à l’Europe victorieuse et faire à l’intérieur des concessions
indispensables car il ne voulait pas " être le roi de deux peuples ". Dans
un premier temps, il ne marque pas sa volonté avec suffisamment de fermeté.
Après l146;abdication de Napoléon le 6 avril 1814, Talleyrand dirige un
gouvernement provisoire, et pousse en faveur d’une restauration des Bourbons,
accompagnée de la sauvegarde des principes et des hommes de la Révolution. Louis
XVIII rentre à Paris le 3 mai et tâche de se faire connaître et d’acquérir une
popularité par des gestes symboliques. Le 3 mai 1814 Louis XVIII entre dans
Paris après avoir fait la veille la Déclaration de Saint-Ouen par laquelle il
promet au pays une monarchie constitutionnelle. Le 30 mai premier traité de
Paris : La France est ramenée à ses frontière de 1790. Ouverture du congrès de
Vienne (1er
octobre) où Talleyrand représente la France. Le 4 juin octroi de la Charte. Le 8
juillet 1815 retour de Louis XVIII à Paris, réfugié à Gand pendant les Cent
Jours. Le 1er août licenciement de l’armée impériale : apparition des
demi-soldes. Du 14 au 21 août les élections voient la victoire des ultras et la
mise sur pied de la " chambre introuvable ", dissoute le 5 septembre 1816. Le 24
septembre constitution du ministère Richelieu après le renvoi du ministère
Talleyrand - Fouché (le 19). Le 20 novembre le second traité de Paris confirme
les pertes territoriales de la France qu’avaient fixées le premier. De plus, le
pays sera partiellement occupé jusqu’au paiement d’une indemnité de 700
millions. Le 25 février 1818 retraite de Richelieu. Début du gouvernement
Dessoles Decazes. Du 29 septembre au 21 novembre le congrès d’Aix-la-Chapelle
décide de mettre un terme à l’occupation de la France et de la réintroduire dans
le concert européen. Le 9 juin 1819 lois de Serre sur la presse : suppression de
la censure et de l’autorisation préalable. Le cautionnement est maintenu. Le 13
février 1820 assassinat du duc de Berry par Louvel. Le 20 février second
ministère Richelieu jusqu’au 14 décembre 1821, date du début du ministère
Vallète. Le 5 mai 1821 mort de Napoléon à Sainte-Hélène. Le 7 avril 1823 début
de l’intervention en Espagne, commandée par le duc d’Angoulême pour venir au
secours de Ferdinand VII renversé par une révolution libérale. Prise de Madrid
le 23 mai, du Trocadéro le 31 août et capitulation de Cadix le 30 septembre. Le
corps expéditionnaire est de retour à Paris au mois de décembre. Le 16 septembre
1824 l’agonie de Louis XVIII fut aussi effroyable que celle de Louis XIV, il
avait la gangrène aux jambes, elles étaient rongées.
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