Maîtresses de Louis
XIV
Louise-Françoise
de La Baume Le Blanc Duchesse de La Vallière
Fin avril 1661 Monsieur et Madame rejoignent Le roi à
Fontainebleau. Il est possible qu’Henriette d’Angleterre épouse de Philippe
d’Orléans frère de Louis XIV, soit devenue peu de temps après la maîtresse du
roi (Anne d’Autriche voyant son autorité sur le roi lui échapper, s’empresse
d’en aviser Philippe), les deux amoureux décident de prendre un " chandelier ".
Le roi conte alors fleurette à une fille d’honneur de Louise de La Vallière.
Louise-Françoise née à Tours en 1644, avait tout juste dix-sept ans. Elle était
loin de posséder une beauté parfaite. Mince, blonde et blanche, de petite
taille, elle possédait des yeux bleus très beaux et les plus jolies épaules du
monde. Elle boitait légèrement depuis qu’un méchant âne, alors qu’elle était
fillette, lui avait meurtri la cheville, ce qui ne l’empêchait pas de danser à
ravir, ni de chasser avec fougue et tous ses peintres se sont complu à la
représenter en Diane. Elle fut la première favorite vraiment amoureuse du roi et
totalement désintéressée. Louis fut troublé par la candeur d’un tel sentiment.
Il se peut que le roi est reporté sur elle une partie de l’amour inassouvi qu’il
avait voué à Marie Mancini. Le roi céda et tous deux s’aimèrent avec fougue.
Quand Fouquet qui avait eu vent de l’affaire, vint proposer discrètement à
Louise une somme de vingt mille pistoles, elle lui fit répondre " Sachez
que deux cent mille livres ne me feraient pas faire un faux pas ". Le roi était
émerveillé de se voir adoré par cette petite fille. Avant la fin de l’année
Louise était enceinte. Le 18 décembre 1663, Louise accouche secrètement dans un
pavillon, l’hôtel de Brion, près du Palais-royal, Colbert veille à ce que tout
se passe bien, il a été chargé de trouver une bonne nourrice, à Saint-Leu, où
l’enfant, un garçon, prénommé Charles-louis sera déclaré fils de Monsieur
Lincour et de Mademoiselle de Breux. Le roi ne veut pas de scandale aussi prie
t-il à Louise de paraître en public, afin que cessent les ragots qui commencent
à courir . On laisse entendre qu’un bâtard royal est sur le point de naître.
Mademoiselle de la Vallière se rend donc à la messe de minuit pâle et fort
changée. Personne n’est dupe. L’enfant n’atteindra pas l’age adulte. Le 7
janvier 1665, naissance de Philippe nouveau fruit des l’amours du roi et de
Louise de La Vallière. Même scénario que pour le premier accouchement, Colbert
organisera tout. Baptisé à Saint-Eustache, le petit bâtard sera déclaré fils de
François Dersy, bourgeois et de marie Bernard son épouse. Quelques mois plus
tard le jeune Philippe Dersy ira rejoindre son frère Charles Lincour dans la
tombe. Après la mort de sa mère, Anne d’Autriche, Louis XIV officialisera sa
liaison avec Louise de La Vallière, mieux il légitimera ses bâtards à commencer
par les deux derniers rejetons que lui donnera Louise de La Vallière. La
première est née le 17 octobre 1666 à Vincennes, Marie-Anne de Bourbon appelée
Mademoiselle de Blois, elle fut légitimée en mars 1667 et présentée à la cour le
12 janvier 1674. Le 16 janvier 1680 le roi la donne en mariage à Louis-Armand de
Bourbon, prince de Conti. La princesse de Conti mourra en 1739. En mai 1667
Mademoiselle de la Vallière est élevée au rang de duchesse et recevait les
terres de Vaujours en Touraine et sa fille était légitimée. Que signifiait cette
largesse royale ? gage d’amour ou cadeau de rupture ? Le roi ne voulait-il pas
s’acquitter de la dette qu’il avait contractée envers elle ? Louise s’inquiéta.
Vaujours devait lui rapporter 100000 livres l’an, elle avait droit au tabouret,
privilège réservé aux duchesses. Elle pressentait le drame. Louise, le cœur
labouré, le corps épuisé, était sensible, fragile. Madame de Sévigné disait
d’elle " Une petite violette qui se cachait sous l’herbe et qui était honteuse
d’être maîtresse, d’être mère, d’être duchesse ". Louise s’inquiéta d’avantage
lorsqu’elle sut que le roi partait sans elle aux armées, mais accompagné de
Madame de Montespan, Louise étant de nouveau enceinte, et forcée de rester à
Versailles n’en peut plus. Le 7 décembre 1667, Louise accouche à Saint-germain,
d’un garçon, son dernier enfant, prénommé Louis titré duc de Vermandois, fait
amiral à deux ans et enterré à seize. La cour abandonne le Louvre pour
s’installer aux Tuileries et sa Majesté s’attarde chaque soir chez Athénaïs. De
retour à Saint-germain, Athénaïs s’impatiente, elle est jalouse de La Vallière
qui n’a pas encore été officiellement évincée. Deux favorites en même temps ! En
calèche, Louis aime à se montrer avec l’une à sa droite, l’autre à sa gauche. A
Saint-germain pour se rendre chez Madame de Montespan le roi doit emprunter les
appartements de La Vallière. Aussi ne sait-on pas vraiment à laquelle il rend
hommage. Et c’est de cela qu’Athénaïs enrage, elle ne supporte plus l’ambiguïté.
En 1668, Louis veut célébrer sa victoire à Versailles (la paix
d’Aix-la-Chapelle), une fête lors de laquelle Louis de La Vallière parut être
encore maîtresse de cœur du roi, alors que nul n’ignorait plus qui régnait sur
ses sens. Pour l’instant la France a trois reines : " Celle qui est, celle qui a
été, celle qui n’ose pas être ". Trois reines qui se supportent difficilement.
Bossuet convainc la duchesse de La Vallière à quitter la cour. Pourtant de sa
merveilleuse aventure, ne devaient lui rester que les honneurs. Louis XIV lui
ayant préféré Madame de Montespan avec laquelle il la força à vivre. Après avoir
longtemps enduré ce supplice (six ans), Louise alla publiquement demander pardon
à la reine Marie-Thérèse et se retira dans un carmel en 1674, elle y mourut le 5
juin 1710 à l’âge de 65 ans dont 38 passées au carmel.
Enfants nés de Louise de la Baume le Blanc, duchesse de la Vallière et de
Vaujours, née au château de la Vallière (Touraine), le 6 août 1644, morte le 6
juin 1710 au couvent des Carmélites de la rue Saint-Jacques sous le nom de soeur
Louise de la miséricorde.
Marie-Anne de Bourbon, dite mademoiselle de Blois: née au château de
Vincennes le 2 octobre 1666 Légitimée en mars 1677, par lettres vérifiées en
parlement le 14 mai 1677. Duchesse de la Vallière en date du 14 mai 1667 mariée
à Saint-Germain le 16 janvier 1680 à Louis Armand, prince de Conti, neveu du
Grand Condé. Morte à paris le 3 mai 1739, sa sépulture se trouve en l'église
Saint Roch (Paris). Sans postérité elle laissa son duché prairie à son cousin
Charles François de la Baume le Blanc.
Louis de Bourbon comte de Vermandois: né au château de Saint-Germain le 2
octobre 1667 Légitimé le 20 février 1669. Amiral de France en 1669. Mort d'une
fièvre maligne au siège de Courtrai le 18 novembre 1683. Sa sépulture se trouve
en la cathédrale d'Arras. Un canon provenant du vaisseau Le Soleil Royal,
retrouvé dans la baie du Croisic, porte les armes de Vermandois, avec
curieusement, un dauphin au dessous de la couronne des princes de sang (Musée
naval du Croisic)
Françoise de
Rochechouart-Mortemart
Marquise de Montespan
Françoise
de Rochechouart naît le vendredi 5 octobre à Lussac les Châteaux, une ancienne
forteresse médiévale. Elle est la fille de Diane de Grandseigne, dame d’honneur
d’Anne d’Autriche, et de Gabriel de Rochechouart - Mortemart, marquis de Lussac
et de Vivonne, et prince de Tonnay-Charente, élevé avec Louis XIII qu’il suit
dans toutes ses campagnes. Nommé premier gentilhomme de la chambre du roi puis
chancelier du Saint-esprit, gouverneur et lieutenant général de Metz, Toul et
Verdun. En 1650, le marquisat de Mortemart est érigé en duché par Louis XIV.
Françoise a un frère et trois sœurs : Louis né en 1636 devient duc de Vivonne,
maréchal de France et même, un temps, vice roi de Sicile ; Gabrielle, future
marquise de Thianges ; Marie Christine prend le voile ; et la benjamine Marie
Madeleine Gabrielle, née en 1644, devient abbesse de Fontevraud. Vers 1650,
Françoise est placée chez les dames du couvent Sainte Marie à Saintes afin d’y
préparer sa future vie à la cour. A 20 ans Françoise qui se fait appeler
Athénaïs, fait son entrée à la cour sous le nom de Mademoiselle de
Tonnay-Charente et devient la demoiselle d’honneur de Madame, belle sœur de
Louis XIV, puis de la reine Marie-Thérèse. Le dimanche 28 janvier 1663, Athénaïs
devient marquise de Montespan en épousant Pardaillan de Gondrin, marquis de
Montespan, duc d’Antin. A la fin de l’année 1663, Athénaïs accouche d’une
fille : Marie-Christine de Gondrin de Montespan qui mourra le 5 avril 1675 se
sera inhumée dans le caveau de Saint-Germier en l’église Notre-dame de la
Dalbade à Toulouse. Au lendemain de ses relevailles, le 19 janvier 1664,
Athénaïs assiste à la prise de voile de sa sœur cadette, Marie-madeleine en
l’abbaye de Notre dame au bois, Anne d’Autriche et la reine Marie-Thérèse y
assistent également. Le 5 septembre 1665, à Paris, naît Louis-Antoine de
Pardaillan de Gondrin, fils d’Athénaïs et de Monsieur de Montespan, c’est le
second et le dernier enfant du couple, il sera nommé surintendant des bâtiments
du roi et sera le type parfait du courtisan, il refera sa fortune dans les
spéculations de Law. Il mourra en 1736. Un quartier de Paris porte son nom : la
Chaussée d’Antin. A 24 ans Athénaïs est éblouissante : ses cheveux de la couleur
des blés mûris au soleil, le teint d’une blancheur nacrée, des dents sans
reproche( c’est rare à cette époque), les yeux bleus au regard moqueur, elle
possède l’esprit pétillant des Mortemart, sait imiter les dames et courtisans de
la cour. Athénaïs est arrogante, orgueilleuse avec un tour de phrase inimitable.
Bref Athénaïs plaît à la cour. Très imbue de ses origines, elle considère comme
indigne d’elle l’union qu’on lui a fait contracter avec le marquis de Montespan,
de médiocre fortune, couvert de dettes et joueur invétéré. Athénaïs qui est
ambitieuse, rêve d’avoir le destin de Diane de Poitiers ou de Gabrielle
d’Estrées. Elle est pieuse, et, Marie-Thérèse, dont elle est la dame d’honneur,
apprécie sa dévotion et son apparente vertu ce qui ne l’empêche pas de lancer
des œillades au roi qui ne la remarque pas, Louis est toujours épris de Louise
de la Vallière. Malgré son désir de remplacer la favorite dans le cœur du roi,
Athénaïs demande à son mari de l’éloigner de la cour et de ses tentations. Mais
le marquis hausse les épaules. Pour venir à bout de ses ambitions, elle agit
avec extrême prudence, devient l’amie intime de Louise de la Vallière (ce qui ne
l’empêche pas de la critiquer). Louis finit par la remarquer, rit de ses
imitations, apprécie son esprit vif et caustique ainsi que sa grande beauté.
Entre Louise et Athénaïs c’est le jour et la nuit. Louis qui commence à se
lasser de Louise succombe au charme de la belle, en tombe éperdument amoureux,
lui offre de quoi subvenir à ses besoins. En 1667, le roi entreprend un voyage
en Flandre afin de visiter son armée. Louis emmène avec lui la reine et ses
demoiselles d’honneur ainsi que toute la cour sauf Louise qui est de nouveau
enceinte. En juillet , le roi et la cour se trouvent à Avesnes où Louise, ne
pouvant se passer de Louis et ayant un pressentiment, les y rejoint, sans
autorisation royale. Se rend chez la reine qui en vomit son déjeuner. Madame de
Montespan en profite pour accabler Louise en déclarant : " J’admire sa hardiesse
de s’oser présenter devant la reine avec diligence, sans savoir si elle le
trouvera bon ; assurément le roi ne lui a pas mandé de venir " et
d’ajouter : " Dieu me garde bien d’être la maîtresse du roi ! Mais si je
l’étais, je n’aurais jamais l’effronterie et honteuse de me présenter devant ma
reine ! ! ". Mais la nuit suivante madame de Montespan se retrouve dans les bras
du roi ! L’accueil de Louis envers Louis de la Vallière est glacial, il ne lui
adresse pas la parole et la renvoie à Paris. 1668, le marquis apprenant son
infortune se rend chez sa femme, fou de rage, il la gifle, l’oblige à accomplir
son devoir conjugal mais elle s’y refuse et lui révèle qu’elle est enceinte, que
l’enfant qu’elle porte est celui du roi. La colère du marquis redouble, la scène
est d’une rare violence : gifles, coups. La marquise redoute qu’il veuille la
ramener en province avec lui. Il n’en est rien. " Le marquis de Montespan
se rend à Saint-germain, tout de noir vêtu, en un carrosse drapé de crêpe sombre
que tirent des chevaux d’ébène.
- Mais de qui portez –vous donc le deuil ? demande le roi
- De ma femme, sire, je ne la verrai plus.
Sur ce le marquis fait une révérence, prend la porte, revient à Paris disant
partout que sa femme est morte ! ! ". (Mr de Decker). Le 20 septembre, le roi le
fait enfermer au Fort-l’Evêque, il y entre la tête haute, il en sort le 7
octobre avec ordre de se rendre en Guyenne. Il aurait emporté dans ses bagages
la somme de 200000 francs que le roi lui aurait remis pour le consoler de la
perte de sa femme et laver sa honte. A la fin de l’année, Athénaïs malgré le
port de sa robe " battante " ne peut cacher sa grossesse à la reine et à la
cour. Mi mars 1669, rue de l’échelle, dans une maison offerte par le roi,
Athénaïs met au monde une petite fille prénommée Louise. C’est le premier enfant
de Madame de Montespan et de Louis. L’accouchement reste secret. Athénaïs
tremble à le pense que son mari puisse venir réclamer le fruit du double
adultère. Il n’en fera rien. Sitôt née, la petite Louise Françoise est confiée à
la veuve Scarron qui l’élève loin de la cour. Le roi promène la reine et ses
deux favorites dans son carrosse. Les deux maîtresses partagent le même
appartement. La pauvre Louise à servi de paravent pour cacher les amours du roi
avec sa belle-sœur, Henriette d’Angleterre. Elle sert à nouveau de pion pour
dissimuler les amours de Louis et d’Athénaïs. L’archevêque primat de Sens, Henri
de Grondin, oncle du mari bafoué, estime que la vérité doit éclater au grand
jour. Il monte en chaire, tonne contre le double adultère du Soleil et de Vénus,
sa maîtresse. Colère du roi qui le renvoie dans son diocèse. L’archevêque ne
tarde pas à revenir à Fontainebleau où il lance des menaces d’excommunication
contre le roi mais celui-ci fait la sourde oreille. Le 2 mars 1670 au château de
Saint-germain, au milieu de la nuit, Madame de Montespan met au monde son second
enfant adultérin, prénommé Louis-auguste futur duc du Maine. Aussitôt né,
enroulé dans des langes, le " Royal bébé " est emporté par le duc de Lauzun à la
grille du parc du château où l’attend la veuve Scarron dans son carrosse. Elle
emmène l’enfant à l’hôtel Vaugirard, maison achetée par le roi. La Dame Barri,
choisie par Madame Scarron, sert de nourrice au petit Louis-auguste. Les enfants
sont élevés éloignés l’un de l’autre pour éviter que nul ne puisse faire le
moindre rapprochement entre-eux. Le 8 février 1671, la reine et la cour
assistent à la bénédiction de la trente-troisième abbesse de Fontevraud, en
l’église des filles-Dieu de Paris. La nouvelle abbesse n’est autre que
Marie-madeleine de Rochechouart, sœur cadette d’Athénaïs, c’est la plus jolie et
la plus intelligente des quatre sœurs. Durant les trente-quatre ans pendant
lesquels Marie-madeleine dirige l’abbaye de Fontevraud, elle ne se rendra que
quatre fois à la cour pour y voir ses sœurs. Marie-madeleine est très appréciée
du roi qui admire sa beauté et son intelligence. Le 7 février 1671, Louise de la
Vallière entre au couvent des filles de Sainte-Marie de Chaillot où le roi la
fait chercher, bien qu’il ne l’aime plus, afin qu’elle continue à lui servir de
paravent pour cacher ses amours avec la voluptueuse Athénaïs. Même lorsque le
roi est en voyage, il fait pratiquer une ouverture dans la chambre de Louise qui
communique avec celle d’Athénaïs, afin qu’il puisse discrètement aller rejoindre
sa maîtresse. Lauzun qui, on s’en souvient a emmené sous son manteau le bâtard
de Madame de Montespan requiert son aide afin d’obliger le roi à tenir la
promesse qu’il lui a faite de devenir le Grand-maître de l’artillerie. Impatient
et ne voyant rien venir, Lauzun avec l’aide d’une servante se couche sous le lit
des amants où il apprend que ni le roi, ni Madame de Montespan ne tiennent à ce
qu’il obtienne cette charge. Lauzun fou de rage traite Madame de Montespan de
" menteuse, grosse tripière, pute à chiens " devant Toute la cour. La
marquise, saisie, se pâme au milieu des courtisans. Le 25 novembre 1671, Lauzun
va rejoindre Fouquet à la forteresse de Pignerol à la demande d’Athénaïs, qui,
en temps que favorite royale, fait la pluie et le beau temps à la cour, mène le
roi par le nez. Madame de Montespan souhaite, le roi obtempère ! ! Athénaïs est
toute puissante, lors d’une fête à Versailles donnée en son honneur, ne la
voit-on pas porter une robe " or sur or rebrodé d’or ", parée de perles et de
diamants. Athénaïs aime les belles toilettes les beaux bijoux et se sent toute
puissante, le roi exauce ses moindres désirs. Louis aime la présenter aux
ambassadeurs qui lui rendent visite. Pour elle il donne de magnifiques fêtes à
Versailles, fait construire le Trianon de porcelaine, démoli en 1687, ainsi que
le château de Clany. Elle encourage le roi à pensionner les artistes, peintres,
écrivains, musiciens qu’elle affectionne beaucoup. Grâce à Madame de Montespan
le patrimoine artistique de la France s’enrichit de très beaux objets d’art, de
tableaux, de constructions. Ne fait-elle pas nommer Michel Lambert maître de
musique du roi, pour la seule raison qu’il est né à Vivonne. Elle sait être
généreuse avec ceux qu’elle aime, mais malheur à ceux qui ont la malchance de
lui déplaire, allant jusqu’à demander au roi de retirer la pension accordée.
Toute demande auprès du roi passe par ses mains aussi les courtisans la vénèrent
et la craignent à la fois. En février 1672, la petite Louise-Françoise, âgée de
trois ans, tombe gravement malade. Madame Scarron va voir Athénaïs qui se moque
de sa mine défaite et renvoie la veuve près de la petite en disant que tout ceci
n’est qu’un caprice d’enfant. Athénaïs est plus amante que mère. Au matin du 23
février, Louise-Françoise expire dans d’atroces souffrances. Louis repart en
campagne laissant Louise de la Vallière auprès de la reine qui vient de perdre,
elle aussi, sa fille. Madame de Montespan, enceinte de huit mois, part pour le
château de Génitoy où la veuve Scarron l’y rejoint, accompagnée du petit
Louis-auguste qui à deux ans passés ne tient pas bien sur ses jambes. Le 27
avril, partant pour la Flandre, Louis vient à Génitoy pour serrer dans ses bras
sa maîtresse, embrasser son fils qu’il voit pour la première fois. Le 4 juin, à
Saint Germain, la reine Marie-Thérèse met au monde le sixième enfant du roi :
Louis François d’Anjou qui mourra le 4 novembre de la même année. A Génitoy,
Madame de Montespan, le 20 juin au soir, met au monde le troisième enfant du
roi, un garçon prénommé Louis-césar futur comte du vexin. Le troisième bâtard
royal, est menu, replié sur lui même, le souffle est court. On craint qu’il ne
vive pas. Le 1er août le roi rentre à Saint Germain, y retrouve sa
maîtresse et fait la connaissance de ses deux enfants, Anjou et Vexin. Le petit
Louis César est emmené loin de la cour dans une superbe maison faubourg Saint
Germain, offerte par le roi à Madame Scarron afin qu’elle y élève dignement ses
bâtards, la gouvernante prend près d’elle pour l’aider Louise d’Hendicourt et un
valet nommé Toscan. Au début de l’année 1673, le roi triple la pension de Madame
Scarron. Avril 1673, Athénaïs enceinte de huit mois, suit le roi en Flandre, la
reine et Louise de la Vallière les accompagne, Madame Scarron fait également
partie du voyage. Louis tombe malade à Soissons, on parle d’empoisonnement ! le
1er
juin, à Tournai, Madame de Montespan met au monde son quatrième bâtard royal,
c’est une fille. Pendant qu’Athénaïs accouche, Louis assiège Maastricht. Comme
ses frères, la fillette est élevée par le veuve Scarron. De retour à
Saint-germain, Athénaïs demande à son royal amant de légitimer ses enfants comme
il l’a fait pour ceux de Louise de la Vallière. Lorsque Athénaïs veut, elle
obtient. Le roi décide de légitimer ses doubles adultérins avant la fin de
l’année. Pour les enfants de Louise c’était facile elle n’était pas mariée, ce
n’est pas le cas d’Athénaïs qui a un époux. Le mari conserve son pouvoir de père
sur les enfants de sa femme car la loi en France décrète : " Tout enfant né
après le septième mois d’un mariage légitime est présumé celui du mari, même si
ledit mari le conteste ". Et, connaissant le marquis de Montespan, le roi craint
qu’il n’emmène les trois bâtards royaux, à l’époque la femme adultère n’a aucun
moyen de faire déclarer ses enfants illégitimes. Il n'y a qu'une solution
possible : que le roi reconnaisse ses enfants sans en nommer la mère. Ce qui est
fait en décembre 1673, mais avant la signature de l’acte de légitimation, le roi
doit donner un prénom à la fillette née à Tournai. Le quatrième enfant de Louis
et d’Athénaïs est baptisé Louise-Françoise, le 18 décembre ; le parrain est son
frère Louis-auguste, 3ans, sa marraine Louise de la Vallière. Le 20 décembre la
légitimation des enfants naturels du roi est rendue publique. Louis-auguste de
Bourbon, devient duc du Maine, Louis-césar de Bourbon, comte du Vexin et la
petite dernière Louise-Françoise de Bourbon, Mademoiselle de Nantes. Voici les
trois bâtards de Madame de Montespan reconnus enfants royaux, orphelins de mère,
car le nom de la mère n’est mentionné sur aucun acte, n’oublions pas qu’Athénaïs
est toujours l’épouse du marquis de Montespan, bien qu’elle ait depuis longtemps
demandé la séparation. Le roi ayant reconnu ses enfants naturels, sans donner le
nom de la mère, Monsieur de Montespan n’a aucun droit sur eux. Janvier 1674, les
légitimés et leur gouvernante quittent leur maison de Vaugirard pour le château
de Saint-germain pour y rejoindre leur demi-frères et sœurs : les enfants royaux
et les deux légitimés de Louise de la Vallière. Nous voilà revenu au bon vieux
temps d’Henri IV. Le 19 avril 1674, il n’y a plus trois reines mais deux. Les
railleries de Madame de Montespan n’ont pas empêché la bonne Louise de la
Vallière à entrer au monastère des Grandes Carmélites sous le nom de Louise de
la miséricorde. Le 17 juillet, Athénaïs est " séparée d’habitation et de biens,
aux torts du mari convaincu de dissipation de biens, mauvais ménage et sévices
commis envers sa femme ". Le marquis se retrouve sans ressource, il est obligé
de rendre la dot d’Athénaïs reçue lors de leur mariage, plus les intérêts, de
plus il doit verser une pension alimentaire de quatre mille livres l’an, payable
d’avance ! Athénaïs se voit dégagée de toutes obligations et anciennes dettes du
ménage. Jugement prononcé par Achille Harley pour plaire au roi. Le 21 juillet,
Athénaïs demande que le remboursement de la dot ne soit exigible qu’à la mort du
marquis, quant à la pension de quatre mille livres elle sera utilisée pour
l’éducation des enfants du couple. Elle paie une partie des dettes contractées
par son mari (90000 livres). Athénaïs peut-être généreuse, son royale amant lui
fait tant de riches cadeaux !. Depuis le début de l’année, les courtisans
attendent la présentation des bâtards royaux. L’heure est enfin arrivée, telle
une sultane allongée sur son lit d’apparat, vêtue d’une robe or et feu, portant
des pendants d’oreilles d’une valeur inestimable, tout en caressant sa
progéniture Athénaïs présente tour à tour, aux courtisans empressés, ses enfants
royaux élevés par Madame Scarron aux usages de la cour. Athénaïs met autant de
soin à présenter sa progéniture qu’elle en a mis à les cacher à la vue de la
cour. Les courtisans peuvent constater que l’aîné Louis-auguste, duc du Maine, a
une jambe plus courte que l’autre, un des talons pointé en dehors et ne peut
tenir debout sur ses jambes à quatre ans il ne marche toujours pas. Quant au
petit Louis-césar, comte de Vexin, il est squelettique, ne peut supporter un
effort sans s’étouffer et avoir un accès de fièvre. Est-ce la punition de Dieu
pour ce double adultère ? L’état de santé des enfants préoccupe leur
gouvernante. Louis-auguste a de gracieuses manières, il est doux, aimable,
intelligent, possède une mémoire surprenante, sait se faire aimer. Mais
malheureusement le petit ne marche pas mais se traîne sur les genoux. Madame de
Montespan craignant que le petit Louis-auguste, vu son infirmité, n’intéresse
plus sa majesté, décide d’envoyer l’enfant à Anvers voir un empirique renommé.
Personne ne doit être mis au courant du voyage. A la mi-avril Madame Scarron
prend la route de la Flandre accompagnée seulement de Louise d’Hendicourt qui se
fait passer pour la sœur de l’enfant. L’empirique tire tant et si bien sur la
jambe malade, à l’aide d’une machine de torture, que maintenant ses muscles sont
distendus la jambe est devenue folle et plus longue que l’autre. Le roi s’en
émeut tandis que Madame de Montespan entre dans une rage folle, passe ses nerfs
sur la veuve Scarron. Athénaïs n’appréciant pas les minauderies de la veuve
envers Louis, décide de la marier pour l’éloigner de la cour et la soustraire à
la vue du monarque. Pour cela Athénaïs doit élever elle même ses enfants, mais
elle ne sait pas s’occuper d’eux. Les petits tombent malade ce qui n’émeut pas
leur mère mais inquiète la gouvernante. Louis fait commandant des gardes Suisses
son fils. Le 18 novembre 1674, Madame de Montespan met au monde une fille
prénommée Louise-Marie-Anne, future Mademoiselle de Tours. C’est le cinquième
enfant de Louis et d’Athénaïs. L’enfant comme les autres est élevé par la
gouvernante. Janvier 1675, la veuve Scarron achète la terre de Maintenon, peu de
temps après Sa Majesté la fait Madame de Maintenon pour services rendus. Le
prédicateur Louis Bourdaloue prêchant le carême, en cette année 1675, rappelle
au roi qu’il existe un pouvoir supérieur au sien et que s’il ne veut pas finir
dans les flammes de l’enfer, il doit mettre un terme à sa vie dissolue, rompre
avec sa maîtresse, Sa Majesté est ébranlée et doit s’incliner devant Dieu. Le
jeudi de la Semaine Sainte, l’abbé Lécuyer, simple prêtre de Versailles, refuse
de donner l’absolution à Madame de Montespan. Elle se précipite chez son amant
qui lui conseille de cesser leur double adultère s’ils veulent recevoir les
sacrements de Pâques. Athénaïs hurle, entre dans une rage folle, mais rien n’y
fait, Louis ne cède pas malgré les larmes. Au matin du Vendredi Saint, Athénaïs
quitte Saint-germain pour aller habiter sa maison de Vaugirard, dans l’espoir
que Louis ne pouvant se passer de ses caresses la rappelle près de lui. Madame
de Montespan quitte enfin Vaugirard et va se réfugier dans son château de
Clagny, elle emmène avec elle ses enfants qu’elle materne. Elle espère toujours
la visite du roi qui viendra à Clagny deux fois avant de partir pour les
Flandres, mais ces deux visites sont officielles et publiques. Leur séparation
est-elle définitive ? c’est ne pas connaître la fière Athénaïs. En juillet
Athénaïs bien décidée à reconquérir le cœur de son amant, l'accueille à son
retour des Flandres. Elle est superbe, telle une déesse, elle est vêtue d'or et
croule sous le poids des diamants. Ce qui doit arriver, arrive : les amants
tombent dans les bras l'un de l'autre. Lors de ces retrouvailles est conçu le
sixième enfant de la favorite et du roi. Athénaïs est de nouveau rayonnante et
se comporte telle une reine. Mais Louis a remarqué Isabelle de Ludres et ne peut
s'empêcher de la séduire. La belle marquise enrage de devoir quitter
Saint-germain pour se rendre à Maintenon où le 9 février 1677, elle accouche
d'une fille Françoise-marie. Cette fois la gouvernante des bâtards royaux refuse
d'élever l'enfant du parjure. Sa majesté veut cacher l'enfant à la cour tandis
qu'il poursuit sa liaison avec Madame de Ludres, aussi demande t-il à Madame de
Maintenon de garder sur ses terres la mère et l'enfant jusqu'à son retour des
armées, où le suit Isabelle de Ludres. Avant son départ sa majesté ordonne à
Colbert de verser la somme de 97000 livres à Madame de Montespan pour ses menus
plaisirs. En mai le roi rentre à Versailles, rappelle Athénaïs près de lui, mais
garde Madame de Ludres (deux maîtresses valent mieux qu'une). La petite
Françoise-marie, sur ordre du roi est élevée à Vaugirard par une nouvelle
gouvernante. Fin septembre la cour constate que la favorite est de nouveau
enceinte. Athénaïs souhaite avoir son propre bâtiment de guerre, comme le roi ne
sait pas lui dire non (on ne peut rien refuser à une femme enceinte), le souhait
de la favorite est exaucé. Le 6 1678, dans son château de Clagny, où elle s'est
réfugiée, Madame de Montespan met au monde son septième et dernier enfant
adultérin, c'est un garçon : Louis Alexandre. Madame de Montespan veut fêter
l'évènement mais le roi refuse et exige que le petit soit élevé avec sa sœur
Françoise-marie dans la maison de Vaugirard par leur gouvernante Madame Darbon.
Sa majesté les cache à la vue de la cour. Mars 1679, le roi n'a d'yeux que pour
Mademoiselle de Fontanges et ne voit la marquise qu'au sortir de la messe et
après souper. Mais Madame de Montespan ne veut pas être la seconde dans le cœur
du roi, sa fierté en souffre. Le 15 avril 1679, Madame de Montespan quitte
Versailles pour Vaugirard dans l'espoir que son amant vienne l'y rechercher.
Mais le roi est las des colères, des caprices et des remarques acerbes de sa
maîtresse. La marquise a choisi Paris, qu'elle y reste ! Le roi libère Madame de
Maintenon du service de Madame de Montespan. En 1680, le scandale des poisons
est à son apogée, Athénaïs est accusée d'être aller visiter la Voisin, d'avoir
utilisé des drogues, le roi fait sourde oreille à toutes ces accusations. Il la
choisit pour remplacer la comtesse de Soissons (Olympe Mancini) au poste de
surintendante de la maison de la reine. Car Olympe s'est enfuie, elle a, elle,
réellement utilisé du poison. Ceci donne à la marquise la suprématie sur toutes
les dames du palais. Le 30 septembre le roi fait arrêter l'instruction sur "
l'affaire des poisons ". Début 1681, le roi retire les deux enfants d'Athénaïs
de la maison de Vaugirard pour les installer au palais. En juin 1681, des bruits
d'empoisonnement, d'envoûtement, de sorcellerie circulent de nouveau à la cour.
Les courtisans accusent la Montespan d'avoir fait empoisonner la Fontanges ainsi
que son fils né en décembre 1679. Le roi fait la sourde oreille, la mère de ses
enfants légitimés ne peut être une empoisonneuse. La cour l'accuse d'avoir
demandé des potions pour empoisonner le roi (elle a sûrement utilisé des poudres
aphrodisiaques pour être aimée de Louis) mais tuer la poule aux d'or, elle est
trop intelligente !. Lors de son procès la sorcière Voisin accuse Madame de
Montespan d'avoir permis à l'abbé Guibourg de dire une messe noire sur son corps
dénudé afin de garder l'amour de Louis et de faire périr sa rivale du moment. Le
15 septembre Louise-Marie-Anne (Mademoiselle de Tours) meurt au château de
Fontainebleau, la cour vient présenter ses condoléances à sa sœur Mademoiselle
de Nantes âgée de huit ans. Louise-Marie-Anne est inhumée à Savigny dans le
tombeau de la maison de Bourbon. Le 22 novembre 1681, les deux derniers enfants
de la marquise et du roi sont légitimés, Françoise-marie devient Mademoiselle de
Blois, son frère Louis Alexandre comte de Toulouse. En 1681 Athénaïs a quarante
ans, sa taille s'est épaissie par les neuf maternités et les sucreries. Le roi
commence à se lasser de la favorite, il préfère à la dodue Athénaïs la sèche
Françoise d'Aubigné. Le 21 juillet 1682, la chambre de l'arsenal est
définitivement fermée sur ordre du roi. Le 15 décembre, le souverain ordonne de
disperser les accusés qui ont mis en cause la favorite. Douze femmes sont mises
au secret dans des cachots sordides de Belle-Isle où personne ne peut plus les
entendre ; les abbés sont enfermés dans les cachots de la citadelle de Besançon
où ordre est donné qu'au moindre mot de leur part, ils soient cruellement
châtiés ; le chevalier de Varens, qui lui aussi avait accusé Madame de
Montespan, termine ses jours à Saint-andré saliens (Jura) dans un
cul-de-basse-fosse ; d'autres sont écroués à Saleilles (Pyrénées) et à
Villefranche-de-Conflent. Les conditions d'incarcération sont terribles aussi ne
tardent-ils pas à mourir (le 13 juillet 1709, à la mort de La Reynie, le roi
jette au feu les dossiers concernant l'affaire des poisons, mais il ignore alors
qu'il en existe un double !) Louis est horrifié par les découvertes faites lors
du procès. Sa majesté continue néanmoins à rendre une visite quotidienne à la
mère de ses enfants, mais il n'est plus question d'amour. Le 10 janvier 1683, le
comte de Vexin suite sa sœur dans la tombe, il est inhumé dans le chœur de
Saint-Germain-des-Prés dont il est l'abbé. A la mort de la reine en juillet, la
marquise n'a plus de charge, ni de rang. Le roi ne couche plus avec elle depuis
six ans, mais il veut qu'elle conserve son rang de maîtresse en titre afin de
cacher à la cour son remariage avec de Maintenon, Athénaïs fait partie de tous
les voyages royaux. C'est au tour de l'orgueilleuse Athénaïs de servir de
paravent. Le 24 juillet 1685 Madame de Montespan n(assiste pas au mariage de sa
fille Louise-Françoise de Nantes, 12 ans, avec Louis III de Bourbon-condé, 17
ans, appelé le "singe vert", Athénaïs n'ayant pas été reconnue mère des
légitimés. En 1687, le roi supprime sa visite quotidienne à la marquise,
celle-ci enrage. La cour raille et bafoue l'altière favorite. En 1691, sur le
conseil de Madame de Maintenon, Louis emmène le jeune comte de Toulouse avec lui
à l'armée et confie Françoise-marie de Blois à Madame de Montchevreuil. Ainsi
Madame de Maintenon prive Athénaïs de ses deux derniers enfants, c'est trop
aussi le 15 mars Athénaïs quitte Versailles et va retirer au couvent des dames
de Saint-Joseph à Paris (comme le fit la douce Louise de
La Vallière, pour laisser la place à l'altière Athénaïs, cette dernière laisse à
son tour sa place à la perfide Maintenon). Son appartement est donné à
son fils le duc du Maine qui se hâte de jeter par la fenêtre le somptueux
mobilier de sa mère afin qu'elle n'y revienne plus. Athénaïs rend même visite à
sa rivale d'autrefois, Louise de la Miséricorde, qu'elle avait calomniée,
jalousée puis évincée. La fière Mortemart renvoie au roi les bijoux qu'il lui a
offerts. Louis s'empresse de les lui rendre sauf un magnifique collier de perles
qu'il offre à sa petite fille la duchesse de Bourgogne. Athénaïs s'ennuie loin
de Versailles, elle y revient sous le prétexte de voir ses enfants qui
l'ignorent. Le 18 février et le 19 mars 1692, Athénaïs est priée de ne pas
assister au mariage de ses enfants Mademoiselle de Blois et du duc du Maine.
Athénaïs passe son temps entre ses terres d'Antin, Bourbon et Fontevrault où sa
sœur est abbesse. Elle essaie même (pour son salut) de reprendre la vie commune
avec son mari, le marquis, mais il l'a repousse. En 1770, Athénaïs achète le
château de Oiron (en Thouars et Loudun) ainsi que les baronnies de Curzay et
Moncontour pour y construire un hôpital pour les pauvres, le roi lui verse le
tiers du prix d'achat soit 100000 livres. Le 1er décembre 1701 le marquis de
Montespan meurt, le duc d'Antin, hérite de ses dettes soit 400000 livres et vend
Saint-Elix, le château de son père en 1702. Athénaïs prend le deuil de son
défunt époux. Le 15 août 1704, Marie-madeleine de Mortemart s'éteint à l'abbaye
de Fontevrault. Durant l'été 1704 Athénaïs fait transférer son hospice de
Fontevrault à Oiron, elle y accueille cent pauvres qui y sont nourris, soignés
et y finissent leurs jours paisiblement. Athénaïs craint la mort, elle dort les
rideaux ouverts, des femmes veillent sur son sommeil, les bougies restent
allumées durant la nuit. Le 17 mai 1707, Athénaïs sentant sa mort proche
appelle près d'elle son fils légitimé le duc d'Antin qui arrive à son chevet le
22. Le 25 au soir, le comte de Toulouse prend la route de Bourbon-d'Archambault
où sa mère agonise. Le 26, Athénaïs reçoit les derniers sacrements. Le vendredi
27 mai à trois heures du matin , le médecin de Bourbon constate le décès.
Le comte de Toulouse arrivé à Montargis apprend la mort de sa mère et s'en
retourne à Rambouillet. Dans la nuit du 28 mai, le duc d'Antin pénètre dans la
chambre mortuaire pour dérober le testament de sa mère, une clef, que celle-ci
portait au cou, ainsi qu'une cassette et prend la route de Paris, laissant aux
valets le soin des obsèques. Les dernières volontés d'Athénaïs étaient que son
cœur soit remis au couvent de la Flèche tandis que ses entrailles aillent au
prieuré de Sainte-Menoux (mais lors du transport le valet chargé de remettre
l'urne, est incommodé par l'odeur, il déverse le contenu du flacon dans une
fosse où paissent des cochons qui en font leur menu) son corps doit reposer à
l'abbaye de Saint-Germain. Le 28 mai le cercueil d'Athénaïs est déposé à même le
sol dans la Sainte-Chapelle de Bourbon-d'Archambault où son fils daigne venir le
chercher au mois de juillet pour le conduire à Saint-germain selon les volontés
de la défunte. Mais saint-Germain est trop près de Versailles. Aussi décide t-on
de l'inhumer dans la sépulture de Poitiers, dans l'église des Cordeliers où
reposent déjà sa mère Jeanne de Granseigne, son frère le maréchal de Vivonne et
ses ancêtres. Le corps arrive le 3 août au soi, il est déposé sous le mausolée
de marbre noir à la lueur des bougies. Le tombeau sera saccagé à la révolution.
Drôle de fin pour l'ex favorite royale !.
Les enfants de la marquise de Montespan avec le roi sont:
Louise Françoise née à la mi-mars 1669, rue de l'Echelle, maison offerte
par le roi. L'enfant sera élevé par la veuve Scarron. Elle est morte le 23
janvier 1672.
Louis Auguste né le 2 mars 1670 au château de Saint-Germain futur duc du
Maine élevé par la veuve Scarron.
Louis César né le 20 juin 1672, futur comte du Vexin.
Louise Françoise née à Tournai le 1er juin 1673, future Mademoiselle de
Nantes.
Louise Marie Anne née le 18 novembre 1674, future Mademoiselle de Tours.
Françoise Marie née le 9 février 1677, élevée par une nouvelle
gouvernante Madame Darbon elle fut plus tard Mademoiselle de Blois.
Louis Alexandre né le 6 juin 1678 au château de Clagny, il sera élevé
avec sa soeur Françoise Marie septième et dernier enfant de Madame de Montespan
et du roi, il deviendra plus tard comte de Toulouse.
Madame de Montespan eut avec son mari deux enfants
Marie Christine de Gondrin de Montespan née en 1663 et morte le 5 avril
1675.
Louis Antoine de Pardaillan de Gondrin né le 5 septembre 1665 à Paris,
mort en 1736
Catherine charlotte
de Gramont
Princesse de Monaco
Catherine-charlotte de Gramont est mariée au prince de
Monaco, Louis de Grimaldi, homme avare et très gros. Le marquis de Puyguilhem,
Antoine Nompar de Caumont, duc de Lauzun est amoureux de la belle et fraîche
Charlotte de Monaco dont il partage la couche. Mais Louis remarque Charlotte et
la convoite. Aussi il fait emprisonner Lauzun à la Bastille afin d’avoir
Charlotte tout à lui. Les amours du roi et de Charlotte ne sont qu’une passade
et ne durent que le temps de l’été 1665, ce n’est qu’un caprice. Louis retrouve
bien vite les bras de Louise de la Vallière.
Marie-Angélique de
Scoraille de Roussille
duchesse de Fontanges

Marie-Angélique est née à Cropières en 1661. Elle est la fille
de Jean Rigal, comte de Roussille et seigneur de divers lieux en Limousin. En
1678, âgée de 17 ans, elle devient fille d'honneur de Madame. Louis XIV la
remarque, il en fait sa favorite et la rivale de Madame de Montespan. Elle met à
la mode un nouveau type de coiffure féminine " dite à la Fontanges ". Marie
-Angélique devient duchesse de Fontanges en 1680 et reçoit une pension. En
janvier 1680, Marie-Angélique fait une fausse couche dont elle ne peut se
remettre. " Blessée dans le service du roi ", elle devient languissante et se
flétrit. Le roi n'aime pas les femmes malades ( Marie-Angélique a des pertes de
sang ) aussi le roi se détache t-il d'elle. Marie-Angélique, la mort dans l'âme,
se retire à l'abbaye de Chelles puis à celle de Port-Royal de Paris où elle y
meurt le 28 mars 1681, âgée de 20 ans.
Claude de Vin des
oeillets
Mademoiselle des Oeillets est une soubrette de Madame de
Montespan. Un soir où Athénaïs se fait attendre, le roi qui n'aime pas cela,
passe son temps avec Mademoiselle des Oeillets et lui fait un enfant. Elle met
au monde en 1676 une bâtarde du roi nommée Louise de Maison Blanche
Madame
Marie-Élisabeth de Ludres
La " belle et infortunée " Madame de Ludres ne peut remplacer
Madame de Montespan dans le cœur du roi aussi se retire t-elle au couvent
Mme
de Maintenon(Françoise d'Aubigné, marquise de)
(Niort 1635- Saint-Cyr 1719). Deuxième femme de Louis XIV
inhumée à Saint-Cyr. Son père était le fils d'Agrippa d'Aubigné. Il fut
incarcéré avec sa femme pour intelligence avec l'ennemi, et c'est en prison,
à Niort, que Madame de Maintenon naquit. La famille s'installa ensuite en
Martinique. Après le décès de Monsieur d'Aubigné sa femme et sa fille
revinrent en France ( 1647 ). En 1649 la jeune Françoise abjura le
protestantisme et, trois ans plus tard sans ressources elle dût épouser le
poète Scarron, beaucoup plus âgé qu'elle, il mourut en 1660. En 1669 elle
fut présentée à Madame de Montespan par le maréchal d'Albret et fut
secrètement chargé de l'éducation des bâtards du roi et de la marquise. La
manière dont elle s'acquitta de cette tache lui permit d'être officiellement
présentée à la cour et de recevoir le titre de marquise de Maintenon ( 1673
). Elle s'imposa peu à peu à l'esprit du roi par sa modestie, sa dignité, sa
tenue irréprochable et devint dame d'atours de la dauphine ( 1680 ). Très
pieuse, l'ambition de Madame de Maintenon était de convertir le roi. La
disgrâce de Madame de Montespan et la mort de la reine Marie-Thérèse
d'Espagne ( 1683 ) lui permirent d'arriver à ses fins. Son
mariage secret avec Louis XIV fut célébré en 1683. On a beaucoup exagéré son
rôle politique auprès du roi, domaine qui l'intéressait assez peu. Il n'en
demeure pas moins que qui voulait au roi ne pouvait lui déplaire. En
revanche son influence morale et religieuse fut réelle. Très attachée à la
conversion des protestants, elle applaudit à la révocation de l'édit de
Nantes et le rôle qu'elle a pu jouer dans cette affaire reste controversé.
Austère et dévote, elle entreprit de manière subtile et insidieuse de
réformer la vie de la cour et n'eut pas de difficultés à convaincre le roi
de l'imiter, de sorte que la vie à Versailles perdit de son brillant. Le nom
de Madame de Maintenon reste attaché à la maison de Saint-Cyr, établissement
destiné aux jeunes filles pauvres de la noblesse, qu'elle fonda en 1686 et
dirigea toute sa vie avec passion. Elle s'y retira après la mort du roi
|