Le mandat d'Adolphe
Thiers
Jules Favre réclame la déchéance de la famille impériale.
Dans les rues de Paris l’émeute gronde. L’impératrice parvient tout de même à
s’enfuir vers l’Angleterre. Maintenant la foule se dirige vers le Palais
Bourbon, Gambetta monte à la tribune et parvient à calmer le peuple. A l’annonce
de ce denier sur sa demande de destitution de la famille impériale le peuple
s’enflamme de nouveau. Jules Favre monté à la tribune déclare " ce n’est pas ici
que vous devez proclamer la république c’est à l’hôtel de ville ". Jules Ferry à
l’hôtel de ville déclare " Les députés de Paris au gouvernement ". C’est ainsi
que Arago, Gambetta, Pelletau, Crémieux, Rochefort seront nommés ministres. Le
président de ce premier ministère sera Le général Trochu. La troisième
république est née, nous sommes le 4 septembre 1870. Décidée à continuer la
guerre, la France envoie à tous ses ambassadeurs en poste à l’étranger, une
lettre dans laquelle elle dit clairement que le pays ne cédera pas. L’armée
allemande s’avance sur la capitale. A Paris on se prépare à subir un siège. La
levée en masse de tous les Français est prescrite, le réapprovisionnement est
effectué et partagé entre tous, Trochu passe en revue les troupes qui vont
défendre Paris. Cent-vingt mille hommes sont massés sur les Champs-Élysées et
trois cent quatre vingt dix mille de la garde nationale sont répartis sur les
différents secteurs à défendre, dans la capitale. On peut ajouter cinquante
mille hommes de ligne, les rescapés de Sedan au nombre de vingt mille, enfin,
massés dans les forts qui cernent la capitale se trouvent vingt mille matelots
et artilleurs. Ils ont à leur disposition huit cents canons. Belle armée en
perspective, mais Trochu ne se fait guère d’illusions, dans cette armée il y a
beaucoup d’hommes mais peu de soldats. Aussi Jules Favre va-t-il tenter de
négocier avec Bismarck. C’est mort de honte qu’il rentre à Paris, la proposition
de Bismarck (il réclame Strasbourg) est inacceptable. Deux armées allemandes de
cent quatre vingt dix mille hommes arrivent devant Paris l’une au nord l’autre
au sud. Le 19 septembre, la déroute des Français sur le plateau de Châtillon va
permettre à Bismarck de préparer tout à son aise le bombardement de Paris.
Gambetta rejoint la ville de Tours d’où il dirigera l’armée de la Loire.
Garibaldi qui a rejoint la Loire avec des troupes volontaires reçoit par
Gambetta la charge de protéger la Bourgogne. Le 27 octobre fut un tournant dans
cet épisode tragique, on a parlé de trahison, en effet, Bazaine capitule, son
armée intacte et forte de cent soixante quinze mille hommes est faite
prisonnière. Le plus grave, est que cet abandon libère l’armée prussienne du
prince Frédéric Charles. A Paris la révolte gronde, les Parisiens viennent
d’apprendre la prise du Bourget par les Allemands, la capitulation de Metz avec
Bazaine et les démarches de Thiers pour conclure un armistice. Des pancartes
apparaissent sur les murs de Paris sur lesquelles on peut lire " A bas les
traîtres ! A bas Trochu ! Pas d’Armistice ! La guerre à outrance ! ". On entend
par ci par là ces cris " vive la commune ". La convocation des électeurs est
décidée il devront répondre à la question " Est-ce que pour la population de
Paris, le gouvernement est apte ou non à défendre la Patrie ". Craignant la
révolution les électeurs donnent la majorité au gouvernement. Thiers, qui une
fois de plus, tente une négociation rencontre cette fois encore les mêmes
exigences de la part des Allemands. De son côté Gambetta lance l’offensive, il
dirige l’armée de la Loire sur Orléans, et c’est la victoire de Coulmiers. La
proposition de jonction des deux armées, celle de Paris et celle de Loire à
Fontainebleau est décidée. Ducrot prendra Champigny, mais les hommes transis de
froid rentreront au bercail " Les grognards sont fatigués et orphelins, l’Europe
a vaincu la France à Waterloo ". Le rendez-vous est manqué. Le 3 décembre, les
Allemands attaquent l’armée de la Loire, le 5 janvier, ils bombardent le sud de
Paris, le 6 janvier, réapparition d’affiches sur lesquelles on envisage
l’établissement de la commune. Paris reste tranquille. Bourbaki à la tête d’une
armée de cent trente mille hommes, reçoit la mission de dégager Belfort et ainsi
menacer les communications allemandes. La bataille d’Héricourt est un échec,
cette défaite profite à l’Allemagne qui, le 18 janvier 1871 réalise sa
réunification. En effet le roi Louis II de Bavière, la Saxe, Bade et le
Wurtemberg rejoignent la confédération. L’Italie, elle, en profite pour
reprendre Rome et la Russie dénonce le traité sur la mer noire et renforce sa
flotte en ce point. C’est presque un second Waterloo, il ne manque que
l’Angleterre. Au nord l’armée de Faidherbe est mise en déroute, Trochu
démissionne. Jules Favre demande à Bismarck de le recevoir. Le 28 janvier
l’armistice est signée. Bismarck veut négocier avec un gouvernement nommé par
une assemblée élue. Paris paiera deux cents millions de francs de rançon. A
l’annonce de l’armistice les Parisiens fuient la capitale. Les élections voient
la victoire de la droite, avec quatre cents monarchistes, légitimistes ou
orléanistes trente bonapartistes contre deux cents républicains. Thiers est élu
chef du pouvoir exécutif il est âgé de soixante treize ans, on dira de lui qu’il
est vaniteux, agité, mais lucide et intelligent. Thiers saura s’imposer grâce à
sa psychologie et à sa clairvoyance. Certes il n’a pas de marge de manœuvre
devant les exigences allemandes, Bismarck réclame six milliards de francs or,
l’entrée des troupes prussiennes dans Paris, cession de l’Alsace, de Belfort et
d’un tiers de la Lorraine. Après tractations Thiers obtient que la rançon soit
ramenée à cinq milliards, il garde Belfort. Les gardes nationaux décident de
sauver les canons qu’ils ont achetés de leurs deniers. Ils les transportent sur
les hauteurs de Montmartre dans leurs rangs on peut apercevoir une femme nommée
Louise Michel. Le 1er mars les troupes allemandes entrent dans Paris,
vide, cette ville si vivante semble morte. Devant l’Arc de Triomphe qu’elles
contournent elles descendent les Champs-Élysées et se dirigent sur la place de
la Concorde, là des palissades séparent le Paris libre du Paris occupé. Adoption
par les soldats parisiens du statut de la fédération des gardes nationaux d’où
leur nom de fédérés. Mais les troupes régulières veulent reprendre les canons
aux fédérés. Ils répondent que ces canons sont à eux qu’ils les ont payés et que
si on s’avisait de vouloir les reprendre ils brûleraient Paris nous ne nous
laisseront pas vaincre par des bandits. Un manifeste révolutionnaire est lancé
" Soldats, enfants du peuple les hommes qui ont organisé la défaite, démembré la
France, livré tout son or, veulent échapper à la responsabilité qu’ils ont
assumée en suscitant la guerre civile…le peuple de Paris veut conserver ses
armes choisir lui même ses chefs et les révoquer quand ils n’a plus confiance en
eux. Plus d’armée permanente, mais la nation toute entière armée !… " La
négociation avec la Prusse n’est pas terminée et Thiers ne peut admettre
un tel appel à la désertion, de plus il a besoin d’argent et des affairistes.
Mais ceux-ci lui font comprendre qu’il ne fera pas d’affaires si il ne leur
enlève pas leur canons. Cette histoire de canons va servir de prétexte à
l’explosion de la commune. Celle ci prendra aussi naissance à cause de la
défaite de 1870, le siège de Paris et de son occupation par les Prussiens. Par
la montée de l’influence de l’internationale et par la suppression de la solde
des gardes nationaux. Thiers promet de garder la neutralité et il reconnaît la
république. Par le pacte de " Bordeaux " il obtient que la formation du
gouvernement soit effectuée après la réorganisation du pays. Le 18 mars,
première journée de la commune, le printemps pointe son nez, dans les rues se
fait entendre la rengaine " le temps des cerises " écrit par Jean-Baptiste
Clément un des chefs de la commune. Mais voilà qu’un beau matin les Parisiens
découvrent avec stupeur des affiches sur lesquelles ils découvrent que Thiers
est décidé à reprendre les canons. Bientôt toute la butte Montmartre est tenue
par les troupes gouvernementales avec à leur tête le général Lecomte. Ils sont
parvenus jusqu’au parc d’artillerie et attendent les attelages pour enlever les
pièces. Mais ces derniers tardent et on voit bientôt les femmes se mêler aux
troupes et leur proposer de " boire un verre " avec elles. Un groupe de fédérés
apparaît sur la place avec dans leurs rangs quelques soldats déserteurs du
général Lecomte. Le général ordonne de tirer, la troupe hésite puis met la
crosse en l’air. Le général est désarçonné puis forcé de signer l’évacuation de
la butte. Il est ensuite conduit au château rouge où il est emprisonné. Le
général Thomas qui se promenait en civil place Clichy est reconnu et emprisonné
avec le général Lecomte. En 1848 il avait commandé de " charger la canaille ".
Les deux prisonniers sont exécutés dans l’après-midi. Ils sont plutôt lynchés et
massacrés le général Lecomte reçoit une balle dans le dos, puis collés contre un
mur on les achève en tirant à bout portant sur eux. L’émeute gagne bientôt toute
la ville de Paris on dresse des barricades au Faubourg Saint-Antoine à
Ménilmontant. Thiers s’affole et décide d’abandonner Paris pour Versailles.
Pendant ce temps le pouvoir de la rue s’installe à l’hôtel de ville sans savoir
très bien ce qu’ils vont y faire. Certains veulent marcher sur Versailles mais
la majorité finit par décider l’élection du conseil municipal de Paris pour le
26 mars. C’est la joie dans Paris ils sont victorieux des républicains. Les
mutins vont bientôt s’apercevoir que la dualité des pouvoirs va rendre la
situation difficile. Le jour du vote les habitants des quartiers populaires vont
aux urnes en vue d’élire un nouveau gouvernement, mais les bourgeois votent eux
pour élire le conseil municipal de Paris. Les révolutionnaires obtiennent une
large majorité, les dix neuf représentants modérés quittent d’eux-mêmes le
conseil quelques jours plus tard. L’assemblée prend le nom de " commune ". Ceci
rappelle 1793 et la notion de pouvoir autonome. Le 28 mars 1871 le peuple de
Paris est massé devant l’hôtel de ville criant chantant, s’embrassant quand
soudain, les membres de la commune font leur entrée. Le maire de Belleville
s’avance et déclare : " au nom du peuple, la commune est proclamée ". La
première réunion a lieu le même jour à 22h30. Après de longs palabres ils
adoptent le drapeau rouge, rétablissent le calendrier révolutionnaire. Le 2
avril vote de la séparation de l’église et de l’état, gratuité de
l’enseignement, proclamation de la laïcité. Le 4 avril Thiers attaque Neuilly,
les troupes occupent Courbevoie, se rendent maître du plateau de Châtillon. A
partir de ce jour il y a des prisonniers fusillés des deux côtés, les insultes
sont " communards " et " versaillais ". La commune qui dispose de cent soixante
mille hommes, dont vingt mille vrais combattants va trouver en face d’elle une
armée aguerrie de cent mille hommes et une bonne artillerie. Les communards
détruisent la colonne Vendôme, les troupes gouvernementales occupent Asnières. A
Paris on continue à vivre, à s’amuser, à s’aimer, à se marier. Le plus drôle de
cette histoire c’est que Thiers annulera tous actes d’état civil établis pendant
la commune (du 18 mars au 28 mai 1871). Il faut donc se remarier mais le
paradoxe est que sur cent dix sept mariages contractés, quatre vingt un furent
renouvelés. Le 1er mai la commune met en place un comité de salut
public " tout cela rappelle étrangement les années sanglantes de la
révolution ". Par l’intermédiaire du ministre des finances Thiers obtient de
Bismarck le droit pour les Alsaciens - Lorrains d’opter pour la nationalité
française à condition qu’ils quittent le pays, et le paiement de la rançon de
cinq milliards sera payée en plusieurs tranches. Le jour même la commune ordonne
la démolition de la maison de Thiers " dans les années sombres il aurait en plus
perdu la tête alors il doit s’estimer heureux ". C’est à juste titre que Thiers
décide de faire la guerre totale à la commune. Depuis la révolution la France se
cherche. Un monarque à qui on a coupé la tête par ce qu’il était trop faible, un
empereur qu’il a fallu abattre en réunissant tous les pays d’Europe, un…..qui
contrairement à son prédécesseur a permis la guerre de 1870, le siège et
l’occupation de la ville de Paris. Il faut tout de même ajouter que pour les
deux derniers, ce sont les Parisiens qui les ont élus. Et pour cela Thiers
déclare que Paris sera soumise à la puissance de l’état. Le 21 mai les troupes
gouvernementales entrent dans Paris. A la nuit tombée soixante dix mille soldats
versaillais s’infiltrent dans la ville, occupent Chaillot, Passy et
Auteuil. La semaine sanglante commence. Les gouvernementaux occupent bientôt une
ligne qui passe par Montparnasse, Saint-Lazare, les Invalides et les Ternes. En
une journée cent cinquante barricades sont érigées, et devant l’avance
inexorable des troupes versaillaises les communards incendient l’hôtel de ville,
le Quai d’Orsay, les Tuileries, le Louvre. Le 24 mai Paris se réveille dans les
flammes, les fusillades reprennent. Des deux côtés on exécute sommairement et
sans jugement. Le 25 mai toute la rive gauche est aux mains des gouvernementaux.
Le 26 mai la commune est retranchée à Belleville Charonne et la Villette. Ils
massacrent quarante sept otages, prêtres, séminaristes, gardes nationaux,
gendarmes….Le 27 mai prise des Buttes-Chaumont et du Père-Lachaise. Le 28 mai
prise de la dernière barricade, fin de la semaine sanglante. La répression sera
terrible. Les communards avaient massacrée cinq cents personnes mais en juin
Thiers en fera exécuter vingt mille. Les funérailles des otages fusillés par la
commune ont lieu le 7 juin. Ce même mois Thiers lance un emprunt de 2 milliards,
il est destiné à payer la rançon et combler le déficit du budget de 1870.
L’intérêt de cet emprunt est de 6% et il atteint très vite des sommes
considérables, aussi pour faire face au paiement de ces sommes Auguste Germain
propose un impôt sur le revenu. Thiers s’y oppose et préfère augmenter les
impôts indirects, tabac, sucre, alcool, voiture etc.… Les élections de juillet
donnent quatre-vingt-dix neuf députés républicains élus sur cent quatorze. Le
comte de Chambord par son manifeste du 6 juillet 1871 fait la part belle aux
républicains. Ces derniers viennent de comprendre qu’avec ceci la restauration
est pour l’instant impossible, il faut donc penser à prolonger le mandat de
Thiers. Mais celui ci ne se contente plus du titre de chef de l’exécutif et le
31 août il est élu président de la république. Les élections départementales qui
ont lieu en octobre donnent deux tiers des élus républicains, beau succès pour
Thiers. Gambetta en 1872 entreprend un tour de France. Dans ses discours on
entend souvent revenir ces mots " suffrage universel ". En avril le gouvernement
à réussi la libération du territoire, l’équilibre du budget et la réorganisation
des armées. Thiers lance en juillet un nouvel emprunt, trois milliards sont
demandés, ils en refusent quarante. Un demi milliard est versé à l’Allemagne.
Mais pour payer les dividendes l’assemblée vote une taxe de 3% sur le revenu des
valeurs immobilières. La réorganisation de l’armée verra un compromis entre la
volonté de l’assemblée et celle de Thiers. Les députés voulant un service
militaire de courte durée et pour tous. Thiers voulait un service militaire
d’une durée de huit ans. On décide que les appelés seront divisés en deux par
tirage au sort. Le bon numéro fera un an plus des périodes annuelles. Le mauvais
fera cinq ans. Les appelés n’auront pas le droit de voter. Face aux victoires
électorales des républicains, les monarchistes se rassemblent autour du duc de
Broglie, petit-fils de Madame de Staël il est âgé de 52 ans c’est un libéral qui
s’oppose aux légitimistes et à leur drapeau blanc. Le 9 janvier 1873 mort de
Napoléon III. Mars l’assemblée vote une loi interdisant au président de prendre
la parole sans autorisation, le travail de sape mené par le duc de Broglie met
Thiers dans une rage folle, il est furieux mais doit se plier à la loi. Le 27
avril va être la date fatidique qui va précipiter le départ de Thiers. A
l’élection partielle son favori est battu par un radical inconnu, les
conservateurs s’aperçoivent que Thiers est débordé par les radicaux. Ils se
réunissent chez le duc de Broglie pour choisir un remplaçant, on propose le
maréchal de Mac Mahon duc de Magenta
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